Le grand patron de Metro affirme que c'est une « année charnière » qui vient de se clore, une année marquée par l'acquisition du Groupe Jean Coutu au prix de 4,5 milliards. « Nous sommes des entreprises plus fortes ensemble, c'est certain », a-t-il assuré, tout en faisant le point sur l'intégration de la chaîne de pharmacies.

SYNERGIES DE 6 MILLIONS EN 20 SEMAINES

Les pharmacies Jean Coutu sont passées sous le contrôle de Metro le 11 mai.

Les résultats financiers des deux entreprises sont donc consolidés depuis 20 semaines. Au cours de cette période, des synergies de 6 millions ont été réalisées, a-t-on appris hier, et sur une année, Metro s'attend à ce que les économies atteignent 17 millions.

« L'intégration va très bien », a précisé François Thibault, vice-président aux finances, au cours d'une téléconférence avec les analystes au sujet des résultats du quatrième trimestre clos le 29 septembre.

DES FRUITS ET LÉGUMES CHEZ JEAN COUTU ?

De leur côté, les consommateurs auront surtout remarqué l'arrivée, sur les rayons de Jean Coutu, des marques privées de Metro (Selection et Irresistibles). Selon Metro, les résultats des premières semaines sont « bons », même si l'assortiment est « limité » et il y a « du potentiel pour des efficiences » additionnelles.

Quant à la possibilité d'offrir des aliments frais dans ses pharmacies, le détaillant ne cache pas qu'il pourrait faire des tests, mais se montre « prudent ».

« Les Jean Coutu sont très productifs. Les ventes au pied carré sont élevées [...] Nous devrons faire beaucoup d'analyses [...] On peut vendre plus d'aliments, mais nous irons magasin par magasin, marché par marché pour déterminer quelles sont les meilleures occasions », a indiqué le président et chef de la direction, Éric Richer La Flèche.

D'AUTRES SIGNES VISIBLES DE LA FUSION

Autre conséquence de l'acquisition de Jean Coutu, et par la même occasion de sa filiale de médicaments génériques Pro Doc, les produits de cette dernière ont commencé à être achetés par certains pharmaciens affiliés à Brunet. Cela profite à Metro, qui ne pourrait pas, pour des raisons légales, donner des incitatifs aux pharmaciens pour qu'ils favorisent Pro Doc, a rappelé M. Richer La Flèche. Le bon service et la variété sont « des incitatifs » en soi, croit-il.

Par ailleurs, comme nous l'avions annoncé, la marque Personnelle, de Jean Coutu, sera « bientôt », visible dans les supermarchés Metro et même dans les Brunet. Aucun échéancier n'a été précisé hier.

HAUSSES DES PRIX DE VENTE

Certains clients de Metro, Super C, Food Basics et Adonis ont peut-être aussi constaté certaines hausses de prix. Celles-ci sont principalement attribuables aux coûts de transport, qui ont bondi, mais aussi à l'augmentation du salaire minimum et du carburant. Les fruits et légumes ainsi que les produits laitiers seraient particulièrement touchés.

« Nous avons assez bien réussi jusqu'à présent à refiler ces augmentations de coûts », a mentionné M. Richer La Flèche. Néanmoins, l'achalandage et le volume de vente ont augmenté au cours du trimestre. La valeur du panier moyen aussi était plus élevée.

VENTES EN LIGNE BIENTÔT RENTABLES

Les achats en ligne, offerts au Québec seulement pour le moment, gagnent en popularité. La direction de Metro s'est dite « heureuse de la progression des ventes », sans toutefois fournir de chiffres.

Eric Richer La Flèche a précisé qu'il espérait atteindre le seuil de rentabilité « en 2019 ». Il prévoit ensuite commencer à investir en Ontario pour offrir un service similaire à celui lancé au Québec à l'automne 2016.

RÉSULTATS TRIMESTRIELS ET ANNUELS

Au quatrième trimestre, les ventes ont atteint 3,7 milliards (+ 15,7 %) dont 691 millions proviennent de Jean Coutu. Sans la contribution de la chaîne de pharmacies et une exceptionnelle 53e semaine, les ventes seraient en hausse de 2,5 %.

Les ventes comparables (une donnée clé dans l'industrie) ont bondi de 2,1 % en alimentation, une « forte performance », selon un analyste de TD Valeurs mobilières. Dans le secteur de la pharmacie, la hausse a été de 1,8 %.

Le bénéfice net de l'épicier Metro a reculé de 6,4 %, à 145 millions (0,56 $ par action). Le bénéfice net ajusté a cependant bondi de 22,8 %, à 161 millions (0,63 $ par action).

Pour l'exercice, le chiffre d'affaires s'établit à 14,38 milliards (+ 9,2 %) et le bénéfice net ajusté à 605,9 millions (+ 13 %). Les investisseurs ont bien accueilli ces résultats conformes aux attentes, si bien qu'à Toronto, l'action a terminé la séance à 44,13 $, en hausse de 3,06 %.

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