La privatisation de la Société des alcools du Québec aurait des résultats au mieux mitigés, conclut une étude commandée par le gouvernement au printemps dernier.

La libéralisation du modèle d'affaires de la SAQ est revendiquée depuis plusieurs années par la Coalition avenir Québec, qui veut carrément mettre fin à son monopole, tandis que le chef libéral Philippe Couillard s'est récemment montré favorable à une «certaine concurrence».

Le rapport rendu public vendredi par le ministère des Finances analyse trois degrés de privatisation.

Le premier verrait la SAQ se retirer complètement de la distribution et de la vente au détail. La société d'État vendrait donc toutes ses succursales, mais continuerait d'assurer l'approvisionnement, l'importation, l'assurance qualité et la gestion des produits.

Cette privatisation partielle générerait des résultats «très mitigés et incertains», peut-on lire dans le rapport de la firme PricewaterhouseCoopers.

Elle ne garantirait pas une baisse des prix et il est «quasi certain» qu'elle entraînerait des pertes d'emplois, une dégradation de conditions de travail et un impact encore plus négatif pour les régions.

Le deuxième scénario analysé, qui implique une vente partielle du réseau de succursales, aurait des impacts similaires - mais «dans une moindre mesure», indique-t-on.

Si le gouvernement autorise l'entrée d'autres joueurs dans la vente au détail, les retombées positives seraient «incertaines» et les négatives, «probables».

Finalement, le scénario présentant les «impacts les plus extrêmes» est celui où le gouvernement autoriserait des détaillants comme les épiceries et les dépanneurs à vendre des produits auparavant exclusifs à la SAQ.

L'accès pour les consommateurs s'en verrait amélioré, mais au coût d'impacts négatifs «majeurs» pour le réseau de la SAQ et ses travailleurs.

«Un changement du mode d'opération, par exemple par la spécialisation, et une optimisation seraient inévitables pour assurer la survie d'une grande partie du réseau de détail», prévient-on.

Le rapport conclut que «tous les scénarios de privatisation et d'augmentation de la concurrence présentent une proportion significative d'impacts négatifs lorsqu'ils sont comparés au statu quo» et que «la prudence est donc de mise avant de procéder avec des changements importants dans le modèle d'affaires de la SAQ».