La Compagnie de la Baie d'Hudson a fait face à un vent de contestation de la part de ses plus importants investisseurs, mardi, relativement à sa décision de récompenser ses dirigeants avec des bonis de plusieurs millions de dollars malgré deux années consécutives marquées par la faiblesse des ventes et des pertes considérables.

Le Régime de retraite des enseignants de l'Ontario, la British Columbia Investment Management Corp. et le California Public Employees» Retirement System ont annoncé avoir voté contre le modèle de rémunération du détaillant qui prévoit notamment un salaire global de 54,8 millions $ pour le président exécutif Richard Baker.

De plus en plus d'entreprises canadiennes procèdent à des votes consultatifs des actionnaires sur les pratiques de rémunération pour prendre le pouls des investisseurs sur le sujet. Dans le cas de La Baie d'Hudson, le vote a eu lieu dans le cadre de l'assemblée générale annuelle à Toronto et s'est conclu en faveur de la direction.

Toutefois, le porte-parole du California Public Employees' Retirement System, Mike Osborn, a déclaré dans un courriel que son organisation considère que «l'entreprise ne lie pas suffisamment la rémunération à la performance». Les représentants du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario soutiennent que «les bonis ne sont pas suffisamment justifiés».

La rémunération globale de Richard Baker inclut 37 millions $ en actions et plus de 16,6 millions $ en options. Les autres hauts dirigeants doivent recevoir entre 1,4 million $ et 9,4 millions $ en rémunération globale selon les documents financiers de l'entreprise.

Au terme du vote, un actionnaire présent dans la salle s'en est pris à M. Baker. «C'est une chose de recevoir un boni. C'en est une autre de l'accepter et ainsi je pense que de l'accepter reflète bien la personnalité (de M. Baker)», a-t-il dénoncé.

L'homme a demandé au président de répondre, mais M. Baker s'est contenté de le remercier pour sa question.

La majorité des autres investisseurs ont concentré leur attention sur la valeur immobilière de La Compagnie de la Baie d'Hudson. Une facette que certains aimeraient mieux exploiter compte tenu des pertes de 400 millions $ enregistrées au premier trimestre comparativement à 221 millions $ l'an dernier.

En octobre dernier, Jonathan Litt, fondateur de Land & Buildings Investment Management, a déclaré que la compagnie était une entreprise immobilière et non pas un détaillant et qu'elle avait échoué à établir une stratégie pour encaisser «la valeur immobilière substantielle» qu'elle détient.

Un autre actionnaire a fait écho à la voix de Jonathan Litt en demandant aux dirigeants ce qu'ils attendaient pour passer à l'action. «Attendez-vous une autre récession avant de vendre des propriétés?», a-t-il demandé.

Il a notamment proposé de développer des condos au-dessus des boutiques HBC et Saks Fifth Avenue à Toronto.