La hausse du plafond hors taxe pour les envois des commerces en ligne étrangers pourrait éliminer des centaines de milliers d'emplois au Canada et faire perdre des milliards de dollars à l'économie canadienne, prévient l'industrie canadienne du détail.

Les chiffres proviennent d'une étude de PwC commandée par le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) qui porte sur les conséquences de la hausse du «seuil de minimis» - la valeur maximale des biens qu'un commerce en ligne étranger peut expédier au Canada sans avoir à payer de taxes et de droits de douane.

Le document publié vendredi se penche sur la possibilité que les Canadiens acceptent une proposition du Congrès américain pour augmenter le plafond de 20 $ à 800 $ dans le cadre de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Karl Littler, vice-président des enjeux stratégiques au Conseil canadien du commerce de détail, souligne que cette décision aurait des impacts «très, très importants» non seulement sur leurs ventes, mais aussi sur le Produit intérieur brut (PIB) canadien.

L'étude a conclu que la hausse ce seuil à 800 $ mènerait à des pertes économiques estimées à 12 milliards d'ici 2020, et à l'élimination de quelque 300 000 emplois.

PwC a indiqué que les pertes économiques totales étaient en fait de 24,3 milliards, mais elles seraient contrebalancées par les 18,7 milliards accumulés par les consommateurs en raison de la baisse de prix des produits américains.

L'étude suggère par ailleurs que les pertes d'emploi dans le secteur du détail affecteraient davantage les employés à bas revenus, alors que ceux qui en profiteraient le plus seraient les grands consommateurs.

M. Littler indique que la hausse de ce seuil bénéficierait d'abord aux géants comme eBay et Amazon, qui veulent éviter les taxes et les coûts assumés par les détaillants canadiens.

«Augmenter les minimis biaiserait complètement le système en faveur des vendeurs américains.»

PwC a également affirmé que le gouvernement perdrait lui-même environ 10,9 milliards - une conclusion bien différente de celle d'un rapport de l'Institut C.D. Howe, qui avait pourtant prédit un impact nul sur le gouvernement.

Selon Daniel Schwanen, vice-président de la recherche à l'institut, les observations de PwC sont très pessimistes.

«On présume que les détaillants canadiens, en faisant face à plus de compétition, congédieront des gens et n'essaieront rien pour essayer de récupérer ces ventes», a-t-il analysé.