Metro compte accélérer l'étude de l'automatisation afin de réduire ses coûts et absorber la hausse du salaire minimum prévue l'an prochain en Ontario, a affirmé mardi son président et chef de la direction, Éric La Flèche.

La troisième plus importante chaîne de supermarchés en Ontario affirme que la pression s'accroît sur l'industrie, qui a peu de temps pour s'ajuster alors que la concurrence s'intensifie et que les marges stagnent.

Metro estime que la hausse du salaire minimum à de 11,40 $ à 14 $ l'heure lui coûtera entre 45 millions et 50 millions, sur une base annualisée, en 2018.

«C'est la vitesse à laquelle la hausse se fait qui représente un défi, mais nous sommes confiants de pouvoir trouver des moyens pour l'absorber», a dit M. La Flèche, au cours d'une conférence téléphonique visant à commenter les résultats du troisième trimestre.

L'épicier québécois dit ne pas avoir calculé l'impact financier lorsque le salaire minimum horaire atteindra 15 $ à compter de janvier 2019.

L'augmentation prévue des coûts de main-d'oeuvre représente près de 8 % des profits générés par Metro l'an dernier et plus du tiers des 127 millions retournés aux actionnaires par l'entremise de dividendes.

Le grand patron de l'entreprise a dit que l'augmentation des salaires pourrait se traduire par une hausse des prix. Cela est toutefois limité par la féroce concurrence entre les chaînes d'alimentation.

Metro affirme qu'elle ne «ménagera aucun effort» pour s'adapter, mais l'entreprise n'a pas voulu dire si les changements attendus en Ontario pourraient avoir une incidence négative sur son nombre d'employés. Dans quelques magasins, l'épicier a testé des étiquettes électroniques sur ses tablettes et considère l'automatisation de centres de distribution.

La sortie de M. La Flèche reflète les commentaires effectués par d'autres détaillants ainsi que certaines associations patronales.

Les Compagnies Loblaw, notamment propriétaire des enseignes Loblaw et Pharmaprix, estime que sa masse salariale grimpera de 190 millions en raison des hausses prévues du salaire minimum en Ontario ainsi qu'en Alberta.

Dollarama a déjà laissé entendre que le prix des articles vendus dans ses magasins pourraient augmenter si ses coûts de main-d'oeuvre continuaient à grimper.

Pour s'adapter à des hausses du salaire minimum, qui touche la grande partie de ses employés, la chaîne de salles de cinéma Cineplex a décidé d'augmenter le prix des billets l'an dernier.

Une analyse commandée par la coalition Keep Ontario Working a suggéré que 185 000 emplois pourraient être à risque si le salaire minimum augmente à 15 $ l'heure. Les entreprises devraient absorber un coût équivalent à 23 milliards.

Cette coalition, qui inclut notamment la Chambre de commerce de l'Ontario et le Conseil canadien du détail, affirme que les changements proposés par le gouvernement ontarien obligeraient les employeurs à faire preuve de créativité pour réduire leurs dépenses. Cela pourrait se traduire par un ralentissement de l'embauche et une augmentation de l'automatisation.

Au troisième trimestre terminé le 1er juillet, Metro a engrangé un bénéfice net de 183 millions, ou 78 cents par action, en progression de 3,7 % par rapport à la même période l'an dernier.

Ses revenus ont été de 4,07 milliards, en hausse de 1,4 %. Toutefois, les ventes des établissements ouverts depuis au moins un an - un indicateur clé dans le secteur du commerce de détail - ont fléchi de 0,2 %, notamment en raison des mauvaises conditions météorologiques.

Par ailleurs, Metro compte éventuellement offrir à ses clients ontariens la possibilité de commander leur épicerie en ligne, même si l'épicier ne s'est pas fixé d'échéancier. D'ici la fin de l'année, près de 60 % des consommateurs québécois devraient pouvoir faire leur épicerie en ligne pour ensuite venir la chercher en magasin ou se la faire livrer à la maison.

Une fois que l'épicier aura racheté ses partenaires de la chaîne Adonis, Metro prévoit accélérer l'expansion de cette enseigne l'an prochain.