Opposé à la librairie Raffin dans un conflit commercial entourant l'occupation d'un local aux Galeries Rive Nord, à Repentigny, Renaud-Bray s'adresse désormais à la Cour supérieure du Québec pour qu'elle ordonne à la librairie indépendante de lui rembourser 116 000 $ en frais juridiques et à titre de dommages punitifs, en plus de mettre fin à ses démarches judiciaires contre lui.

Le 4 janvier dernier, Raffin a déposé à la cour deux injonctions interlocutoires provisoires, l'une contre Renaud-Bray et l'autre contre Cominar - le Fonds de placement immobilier propriétaire des Galeries Rive Nord -, afin de rester dans le local qu'elle occupait dans le centre commercial depuis 40 ans.

Dans sa requête, Raffin - qui compte trois succursales, deux à Montréal et une à Repentigny - alléguait que Renaud-Bray avait utilisé des informations confidentielles obtenues lors d'une négociation passée visant la vente de la librairie indépendante dans la démarche qui l'a mené à conclure une entente avec Cominar pour occuper un local dans son centre commercial dès l'été 2017.

Par ses démarches judiciaires, Raffin espérait obtenir une ordonnance afin que Cominar lui permette de rester dans ses locaux et une autre pour que Renaud-Bray cesse de négocier pour occuper un local dans son centre commercial.

Or, dans un jugement sans appel, le juge Thomas M. Davis a tranché que Renaud-Bray pouvait négocier avec Cominar et que le Fonds de placement n'était aucunement tenu de renouveler son bail avec Raffin puisque l'entreprise avait notamment failli de respecter l'une des clauses prévoyant qu'elle devait enregistrer un revenu brut annuel de 2,6 millions de dollars.

Une entente

Depuis ce jugement, Raffin a conclu un règlement à l'amiable avec Cominar, a expliqué à La Presse Chantal Michel, vice-présidente aux finances de la librairie indépendante. « Cette entente étant confidentielle, nous ne la commenterons pas », a pour sa part indiqué Guy Charron, vice-président exécutif à l'exploitation et au commerce de détail du fonds de placement immobilier.

Après avoir été débouté par le juge Davis dans ses demandes d'ordonnances préliminaires, en janvier dernier, Raffin avait affirmé qu'elle continuerait ses démarches dans le but d'obtenir une injonction interlocutoire et permanente, afin que Renaud-Bray n'ouvre pas une succursale aux Galeries Rive Nord.

C'est dans le cadre de ces procédures que Renaud-Bray réplique désormais à Raffin en adressant à la cour une requête en rejet de la demande en justice et en dommages.

Joint par La Presse, Renaud-Bray a préféré ne pas commenter l'affaire puisqu'elle est présentement devant les tribunaux.

Quel avenir pour Raffin?

Chose certaine, malgré un soutien populaire qui s'est traduit ces dernières semaines par l'organisation de manifestations par un groupe de citoyens déçus de voir leur librairie évincée de ses locaux, Raffin quittera définitivement les Galeries Rive Nord aujourd'hui.

« Nous tentons présentement de trouver un nouveau local [à Repentigny] où nous relocaliser d'ici le mois de juillet », a dit Chantal Michel.

Entre-temps, la vice-présidente aux finances doit faire parvenir cette semaine un plan d'affaires au ministère de la Culture, a-t-elle expliqué, afin de garder son agrément de libraire lui permettant de desservir ses clients institutionnels (commissions scolaires, écoles, bibliothèques, etc.) d'ici sa réouverture en succursale.

Raffin, dont le premier magasin est ouvert depuis 1930 sur la Plaza Saint-Hubert, n'en est pas à sa première crise financière. En devant fermer temporairement son magasin de Repentigny, la librairie indépendante perd aussi sa succursale la plus rentable, a-t-on indiqué. En 2015, sa boutique à la Place Versailles, dans l'est de Montréal, était également venue près de fermer, n'étant pas rentable.

Le président de l'entreprise, Martin Ranger, ainsi que Chantal Michel ont acheté les librairies indépendantes Raffin en faillite, en 2009.