Mais où est donc passé le père Noël ? se demandent les détaillants. Décembre va à contresens du reste de l'année. Les ventes au détail ont en effet reculé par rapport à l'an dernier pour chacune des trois premières semaines de décembre. Il semble que les soldes du Vendredi fou (24 novembre) aient dégarni les poches des consommateurs. Depuis, ils restent sagement chez eux.

Par exemple, pour la semaine terminée le 17 décembre 2016, les chaînes de magasins affichaient en moyenne une diminution de 4,8 % des ventes en rythme annuel sur une base de magasins comparables (ouverts depuis au moins 12 mois), selon un coup de sonde réalisé par le Groupe de services-conseils en commerce de détail Richter. Des 26 chaînes qui ont participé à l'enquête, 2 chaînes ont déclaré une augmentation de plus de 10 % des ventes, tandis que 8 chaînes ont subi une baisse de plus de 10 %, sur une base de magasins comparables.

« Les consommateurs commencent à être essoufflés, constate Marie-Claude Frigon, associée spécialiste du commerce de détail chez Richter. Ils sont en attente de rabais. Depuis cinq semaines, on est en territoire négatif sauf pour la semaine du Vendredi fou. »

L'activité semble toutefois avoir repris cette semaine, la dernière semaine avant Noël. « À un moment donné, les consommateurs ne peuvent plus attendre les rabais. Ils doivent bien les acheter, les cadeaux », dit Mme Frigon.

L'IMPACT DU VENDREDI FOU

Le succès du Vendredi fou au Canada fait certes la joie des consommateurs, mais rend la vie difficile aux détaillants, qui sont contraints d'offrir de gros rabais en période de pointe. « Ça réduit leur rentabilité, il n'y a pas de doute », dit Mme Frigon.

Avant l'importation du Vendredi fou au pays, les Canadiens, traditionnellement, commençaient leur magasinage de Noël fin novembre. Il y avait certains rabais, mais ceux-ci n'étaient pas généralisés. Plus on approchait de Noël, plus les détaillants s'ajustaient en fonction de leurs ventes.

D'origine américaine, les soldes du Vendredi fou (Black Friday chez nos voisins du Sud) gagnent en popularité année après année au Québec comme au Canada. En 2016, la croissance des ventes a atteint 8,6 % comparativement à 2015, elle-même en croissance par rapport à 2014.

Marie-Claude Frigon souligne que les ventes du Vendredi fou sont en train de rattraper celles du solde de l'Après-Noël, communément appelé Boxing Day, une tradition bien canadienne, cette fois-ci.

Selon un sondage réalisé par l'Observateur pour le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), 33 % des Québécois profiteront des soldes de l'Après-Noël. En moyenne, les participants prévoient débourser 244 $ à cette occasion.