Le titre du détaillant canadien de vêtements pour femmes Aritzia a brillé à sa toute première journée en Bourse. L'action, dont le prix initial avait été fixé à 16 $, s'est appréciée de 11 % hier pour clôturer à 17,71 $ à Toronto dans une poussée appuyée par un lourd volume de transactions : plus de 8,5 millions d'actions ont changé de main durant la séance. Un sommet de 19 $ a même été atteint à un certain moment.

ARITZIA EN BREF

L'entreprise se définit comme une maison de mode qui vend au détail des marques exclusives (vêtements et accessoires) pour des femmes de 15 à 45 ans. La chaîne compte 75 magasins : 57 au Canada (dont 5 au Québec) et 18 aux États-Unis. Le premier magasin a été ouvert il y a 32 ans à Vancouver. L'art fait partie du concept d'Aritzia. Les boutiques de la chaîne sont agrémentées de peintures, sculptures et photographies originales, et même les sacs de magasinage servent de toile artistique.

AMBITIONS

La direction croit pouvoir amener ses revenus annuels nets, qui se s'élevaient à 427 millions en 2015, à près de 1,2 milliard d'ici cinq ans. L'entreprise pense qu'il sera possible d'ouvrir de 25 à 30 nouveaux magasins, dont une dizaine au cours des deux prochaines années. Les ventes en ligne génèrent 12 % des revenus, et les dirigeants sont convaincus qu'elles rapporteront environ 25 % des revenus d'ici cinq ans.

DU JAMAIS-VU DEPUIS DOLLARAMA

Aritzia vient de réaliser le plus important premier appel public à l'épargne (PAPE) de l'année au pays. L'émission d'actions a permis de récolter 400 millions de dollars auprès des investisseurs pour donner une capitalisation boursière de départ de 1,6 milliard. C'est aussi la plus importante introduction en Bourse au Canada dans le secteur de la consommation depuis Dollarama en 2009, souligne le gestionnaire de portefeuille Charles Marleau, chez Gestion Palos.

POURQUOI CET ENGOUEMENT ?

Charles Marleau dit que la direction d'Aritzia a une approche disciplinée et méthodique. « Les dirigeants ont notamment refusé un emplacement dans un des plus gros centres d'achats de la côte Ouest à trois reprises parce que le positionnement dans le centre commercial n'était tout simplement pas suffisamment bon à leurs yeux. » Le gestionnaire de portefeuille dit qu'il n'a pas réussi à obtenir autant d'actions qu'il aurait souhaité avant l'inscription du titre en raison du fort intérêt porté par les investisseurs. « Le peu de nouvelles entrées en Bourse sur le marché canadien cette année a fait en sorte de diriger plus d'attention vers Aritzia », dit Charles Marleau en soulignant que l'émission d'actions a été sursouscrite par dix fois, c'est-à-dire que la demande était dix fois plus forte que l'offre.

UN MARCHÉ EN TRANSFORMATION

Plusieurs facteurs peuvent être cités pour expliquer pourquoi il y a peu de nouvelles inscriptions au pays cette année. « On entend parler de l'incertitude économique mondiale, de la faible performance persistante de la Chine, des taux d'intérêt négatifs et des perspectives inquiétantes pour les banques européennes. Si on ajoute l'incertitude entourant l'élection présidentielle américaine, on comprend pourquoi les investisseurs sont prudents », dit Dean Braunsteiner, leader national du groupe PAPE de PwC Canada. À ses yeux toutefois, l'émission d'Aritzia est une preuve que les investisseurs sont à l'affût d'émissions de qualité. Le dynamisme du marché secondaire et la popularité des nouvelles sociétés de placement ad hoc et des sociétés en commandite accréditives sont d'autres preuves, selon lui, que le marché n'a pas disparu mais est simplement en train de changer de direction.

Photo fournie par Groupe CNW

Pour souligner l'inscription en Bourse d'Aritzia, Brian Hill (au centre, à droite), fondateur et chef de la direction, et Jennifer Wong (au centre, à gauche), présidente et chef de l'exploitation, ont eu l'honneur de fermer les marchés boursiers, hier après-midi, depuis le siège social de l'entreprise, à Vancouver.

INFOGRAPHIE LA PRESSE