Pourrons-nous bientôt faire nos emplettes chez Dollarama sans y parcourir les allées ? Le détaillant évalue sérieusement la possibilité de vendre sa marchandise en ligne. Un contrat a d'ailleurs été octroyé à l'entreprise montréalaise Orckestra, spécialisée dans la création de sites transactionnels, a appris La Presse.

Orckestra se présente comme un « chef de file en solutions de commerce modernes » pour les détaillants, les épiciers et les fabricants. Sa « plateforme de commerce unique » permet la création et la gestion d'« expériences de magasinage captivantes sur le web », peut-on lire sur son site internet.

L'entreprise compte notamment les supermarchés IGA, Sports Experts, Mary Kay et Mondou parmi ses clients.

Chez Dollarama, aucun dirigeant n'a été disponible cette semaine pour répondre à nos questions. Une porte-parole, Lyla Radmanovich, a cependant confirmé que les services d'Orckestra avaient été retenus. « Il y a un contrat. C'est absolument vrai. »

« La décision n'a pas été prise d'aller de l'avant avec ça [la vente en ligne] », a-t-elle ajouté, précisant que le contrat en question « fait partie des études » que la chaîne de 1038 magasins réalise présentement.

« PAS DE CRAYONS À L'UNITÉ »

« Ils regardent les avenues qui marcheraient avec leur modèle d'affaires, a poursuivi la porte-parole. On s'entend qu'ils ne vendraient pas des crayons à l'unité. Ça ne fonctionnerait pas. Mais ils explorent toutes les avenues qui pourraient marcher. »

Nous avons tenté d'en apprendre davantage sur les services offerts par Orckestra. Mais sa responsable des communications ne nous a pas rappelés, jeudi.

Lyla Radmanovich rappelle que les dirigeants de Dollarama sont reconnus pour agir de façon prudente. Et qu'ils procèdent souvent à des périodes de tests, comme ce fut le cas pour l'acceptation des cartes de débit. 

« Ils aiment faire leurs devoirs longtemps avant de prendre une décision [...] À ce stade-ci, il n'y a aucune annonce à venir à court terme, mais ça fait partie des études exploratoires. »

- Lyla Radmanovich, porte-parole de Dollarama

En toute logique, Dollarama ne vendrait qu'en gros pour rentabiliser son investissement. C'est-à-dire que les consommateurs ne pourraient pas se procurer une seule boîte de mouchoirs ; ils devraient en acheter une caisse. Un service qui devrait intéresser les écoles, les garderies et les entreprises.

Sylvain Sénécal, expert en commerce électronique à HEC Montréal, ajoute que le détaillant se butera aux mêmes défis que les épiceries, dont les produits sont peu coûteux et dont les marges sont faibles. « Ça peut fonctionner, mais il faut que ce soit bien organisé d'un point de vue logistique. La gestion des commandes peut être faite des magasins, où c'est déjà à l'unité, ou dans l'entrepôt. »

SEPT ANS APRÈS LES ÉTATS-UNIS

La deuxième grande chaîne de magasins à prix fixe du Canada, Dollar Tree (tout à 1,25 $), ne permet pas les achats en ligne.

Aux États-Unis, toutefois, Dollar Tree (14 000 magasins, tout à 1 $US) a lancé son site transactionnel en 2009. Le détaillant voulait alors desservir les clients désireux d'acheter de plus grandes quantités que celles offertes dans ses succursales. Deux ans plus tard, sa grande rivale Dollar General (12 719 magasins, prix variés) l'a imitée.

Dollar General vend encore la plupart de sa marchandise à la caisse. Mais les vêtements, les médicaments et certains jouets sont offerts à l'unité. La livraison standard est gratuite pour les achats de 40 $ et plus.

Chez Dollar Tree, il est possible de se procurer certains articles à l'unité, mais des quantités minimales sont exigées. Et le détaillant facture alors des frais de manutention, en sus des frais de livraison qui varient en fonction du poids de la commande et de son adresse. Des bandeaux « Maintenant offerts en plus petites quantités » coiffent d'ailleurs certains produits, comme des décorations d'Halloween, dont la quantité minimale est de quatre.

Ces deux géants de la vente au détail ont par ailleurs un nouveau concurrent depuis l'automne dernier : Hollar.com, un commerçant à bas prix (généralement entre 2 et 5 $US) qui vend uniquement en ligne (livraison gratuite avec tout achat de 25 $ ou plus).