Le projet de centre de commerce international chinois à Varennes - un investissement de 60 millions - connaît de nombreux ratés qui risquent de compromettre sa réalisation, a appris La Presse. L'un des promoteurs chinois est poursuivi par des fournisseurs de services au Québec, la vente du terrain n'avance pas, et la Ville de Varennes n'a plus de nouvelles depuis plusieurs mois.

Le Groupe Robert, propriétaire du terrain de 1,5 million de pieds carrés convoité par les acheteurs chinois à Varennes, s'impatiente. « Les deux partenaires impliqués dans la négociation [MITC Management et Min Yin Holdings] sont en brouille et en désaccord sur des questions financières », constate la porte-parole du Groupe, Caroline Lacroix.

« Ils nous ont demandé au moins deux prolongations dans le processus de vérification diligente, mais il n'y a toujours rien de concret, ajoute-t-elle. Nous constatons que le processus de vente est extrêmement lent. »

Le Groupe Robert n'écarte pas la possibilité d'offrir le terrain à un autre acheteur, faute de pouvoir s'entendre avec les acquéreurs chinois d'ici le début de juin.

TRIBUNAUX

Parallèlement, MITC Management doit se défendre en Cour supérieure dans deux litiges.

Dans une poursuite déposée en novembre 2014, l'ex-cabinet d'avocats Heenan Blaikie réclame la somme de 524 700 $ en honoraires. La cause devait être entendue à la fin de l'hiver 2016, mais à la demande de MITC, elle a été reportée à la mi-décembre de cette année.

Puis, le 6 avril dernier, MITC s'est fait rappeler à l'ordre dans une cause l'opposant à la firme de communication et de relations gouvernementales Hatley Stratégies, de Montréal, pour des services rendus en 2013. MITC a été condamnée à verser 78 136 $ à Hatley Stratégies.

La firme montréalaise avait obtenu le mandat de « préparer des messages clés aux amis et aux ennemis potentiels du plan d'affaires » des promoteurs chinois.

« Ça fait un moment que nous attendions d'être payés pour nos services, mais maintenant, nous attendons avec impatience l'exécution du jugement qui vient d'être rendu. » - Adam Daifallah, associé de Hatley Stratégies

Joint par La Presse, l'avocat représentant la firme MITC, Me Judah Lyon Wolofsky, a reconnu que son client a eu à débattre avec deux fournisseurs devant les tribunaux, mais il n'a pas voulu commenter plus avant.

Il n'est pas en mesure de préciser le statut du projet de centre de commerce à Varennes. « Je ne sais pas. Ce n'est pas dans mon mandat », a-t-il conclu.

« COMMUNICATION ZÉRO »

Pour sa part, le maire de Varennes, Martin Damphousse, reconnaît que la situation est difficile à interpréter. « Je ne dis pas que le projet est compromis, mentionne-t-il avec prudence. Je ne sais rien pour le moment. Ça fait des mois qu'on n'a pas de nouvelles des investisseurs. C'est communication zéro. C'est préoccupant. »

« Dans un tel contexte, ajoute-t-il, on n'est pas en mesure de déterminer s'ils vont aller de l'avant ou pas avec leur projet. »

Le projet de centre de commerce chinois, selon le modèle proposé, consiste en deux bâtiments de trois étages d'une superficie de 500 000 pieds carrés chacun, avec des stands installés dans les imposants hangars pour vendre les produits manufacturiers « made in China » aux détaillants québécois.