Le tiroir-caisse de Scotia Capitaux a fait « ketching » ! Le conseiller financier de Rona a empoché l'équivalent de 30 millions pour la transaction avec Lowe's, selon des acteurs de l'industrie. « C'est un montant énorme avec un E majuscule ! », lance un financier. Explications en six points.

Le négociateur

Scotia Capitaux s'est trouvée au bon endroit, au bon moment. La firme était conseillère de Rona, lors de la transaction avortée de 2012. Elle a gardé sa place par la suite. « Elle a été chanceuse ou adroite, dit une source. Peut-être même les deux. » Les véritables pourparlers ont été menés par Robert Chevrier, président du conseil de Rona. « C'est un des meilleurs négociateurs au Québec, dit une autre source. Il n'avait pas besoin de courtier pour faire la job. »

L'effet de levier

Normalement, la prime d'achat varie de 25 à 35 % au-delà du cours de l'action. Par exemple, si elle avait été de 30 %, Scotia aurait touché des honoraires d'environ 15 millions, calcule une source. Au cours des 30 derniers jours avant l'annonce, la valeur moyenne de l'action de Rona était de 11,68 $. M. Chevrier a obtenu 24 $. Il s'agit d'une prime de 105 %. En obtenant un fort prix, il a entraîné les honoraires de Scotia dans son sillage. Scotia a refusé d'accorder une entrevue sur le sujet.

La «grosse» part

« Côté frais, ce sont les conseillers financiers qui gardent toujours la très grosse part du gâteau », dit une autre source. Bien que chaque cas soit traité différemment, il précise que les conseillers financiers retiennent plus ou moins 1 % de la valeur de la transaction. Dans ce cas, Rona a été vendue à Lowe's pour 3,2 milliards. Une somme de l'ordre de 30 millions est compatible avec les chiffres présentés.

Frais totaux

Le 25 février, Rona a présenté sa circulaire en prévision de l'assemblée des actionnaires du 31 mars prochain. Elle y précise que les frais totaux liés à la transaction s'élèvent à 36 millions. Ce total englobe les honoraires des conseillers financiers, des avocats et des comptables. Il comprend aussi les droits de dépôt, les frais de sollicitation de procurations, les coûts d'impression et de mise de poste.

Le travail

Dans le chapitre intitulé « Contexte de l'arrangement », Rona précise une partie du travail réalisé par Scotia. On s'attarde à trois rencontres stratégiques : les 4 septembre, 1er décembre et 2 février. Pendant ces réunions, le courtier a donné des avis et discuté des incidences fiscales d'une éventuelle vente à Lowe's. Il a aussi passé en revue les modalités de la proposition de projet final de la transaction.

Les gagnants

Scotia n'est pas le seul participant, autour de la table, à avoir gagné. Les dirigeants de Rona ont encaissé à eux seuls 52 millions, dont 12,7 millions pour Robert Sawyer, président et chef de la direction. Les autres conseillers, notamment le cabinet d'avocats Norton Rose, ont aussi eu leur part. En fait, le seul candidat malheureux est certainement le courtier BMO Nesbitt Burns, présent en 2012 mais absent en 2016...