Selon ses dirigeants, Alimentation Couche-Tard verra sa part du marché de l'essence dans la région de Montréal passer « de 15 % environ à près de 20 % » à la suite de l'acquisition de 50 commerces Esso de dépanneur et d'essencerie.

Aussi, disent-ils, ce gain de part de marché demeurera inférieur au seuil de préoccupation identifié par le Bureau fédéral de la concurrence, soit 35 % d'un marché spécifique, pour susciter un examen plus serré de cette acquisition majeure avant de lui donner le feu vert réglementaire.

« Nous n'anticipons aucun problème particulier auprès du Bureau de la concurrence », a soutenu Brian Hannash, président et chef de la direction de Couche-Tard, lors d'une conférence téléphonique, hier, à propos de la revente totale de 497 commerces Esso au Canada par la pétrolière Impériale, pour un montant annoncé de 2,8 milliards.

Couche-Tard acquerra le plus grand nombre de ces commerces Esso, soit 279 situés en Ontario et dans la région de Montréal, pour un montant annoncé de 1,68 milliard CAN.

Par ailleurs, M. Hannash a écarté la possibilité que la révision de cette acquisition majeure par le Bureau de la concurrence soit influencée par les procédures judiciaires pour complot sur le prix de l'essence au Québec que ce même Bureau avait entamées il y a quelques années contre Couche-Tard et d'autres détaillants, dont Ultramar. Couche-Tard avait été exempté de cette poursuite en raison d'une erreur de procédures des procureurs fédéraux.

« Ces deux événements chez Couche-Tard [les accusations de complot en 2008 et l'acquisition des 279 Esso] impliquent deux branches bien distinctes du Bureau de la concurrence. Et ce que nous lui soumettrons bientôt, ça ne concerne que son processus habituel d'examen et d'autorisation d'une acquisition d'importance dans un marché, selon ses critères en matière de concurrence », a insisté M. Hannash.

ACHAT PLUS COÛTEUX

Cela dit, les dirigeants de Couche-Tard étaient plus enclins à vanter auprès des analystes la valeur des 279 commerces Esso acquis de l'Impériale.

Et même si le prix d'achat par commerce s'avère « un peu plus élevé que ce que nous avons payé auparavant lors de transactions comparables », a admis le nouveau chef de la direction financière de Couche-Tard, Claude Tessier.

« Avec ces commerces Esso, nous achetons de véritables joyaux de la couronne dans le marché des dépanneurs et postes d'essence en Ontario et au Québec. » - Brian Hannash, président et chef de la direction de Couche-Tard

Cet avis est partagé en bonne partie par les analystes qui ont commenté hier cette autre acquisition de Couche-Tard.

« Avec cette quatrième acquisition majeure en 15 mois, Couche-Tard demeure bien positionnée pour poursuivre sa croissance », selon Keith Howlett, analyste des détaillants chez Desjardins Marchés des capitaux.

« Ces actifs commerciaux achetés (de l'Impériale) apparaissent de haute qualité pour justifier leur prix par commerce plus élevé que la moyenne (environ 6 millions CAN chacun). Aussi, un tel actif commercial, avec une marque aussi bien établie qu'Esso, n'aurait pas pu être reproduite autrement pour Couche-Tard », a commenté pour sa part Vishal Shreedham, analyste chez la Financière Banque Nationale.

Quant aux objectifs de valorisation de ces 279 commerces Esso, qui porteront à plus de 2100 magasins l'empreinte de Couche-Tard au Canada seulement, ses dirigeants ont mentionné d'emblée la combinaison prochaine de « marques très fortes » comme Esso pour l'essence, Tim Horton en cafés/beigneries (dans 229 des 279 commerces acquis), ainsi que Couche-Tard dans les dépanneurs au Québec et Circle-K en Ontario (en introduction et conversion d'ici 18 mois).

Par ailleurs, les dirigeants de Couche-Tard ont mentionné le potentiel de rehausser la performance commerciale des dépanneurs déjà installés dans les 279 commerces Esso.

« Même relativement performants, ces dépanneurs Esso ont des volumes moyens de ventes inférieurs de 10 % à 15 % à ceux que nous parvenons à réaliser dans nos dépanneurs existants dans des marchés comparables », a indiqué Jean Bernier, président du groupe « Carburants et opérations nord-est » au sein de Couche-Tard.

C'est d'ailleurs ce qui motivera le détaillant à convertir le plus rapidement possible les dépanneurs « Marché Express » d'Esso à Montréal en Couche-Tard, de même que les dépanneurs « On The Run » d'Esso en Ontario en Circle K.

LA TRANSACTION EN CHIFFRES 

497

nombre de commerces Esso vendus par la société pétrolière Impériale, parmi les 1700 qui arborent cette enseigne au Canada

2,8 milliards CAN

montant de la revente des 497 commerces Esso par l'Impériale

279

nombre de commerces Esso acquis par Couche-Tard, dont 229 situés en Ontario et 50 situés à Montréal et sur la Rive-Sud

1,68 milliard CAN

montant de l'acquisition de 279 commerces Esso par Couche-Tard

86

nombre de commerces Esso situés au Québec et vendus par l'Impériale, dont 50 à Montréal acquis par Couche-Tard et 36 à Montréal et Québec acquis par le distributeur québécois Harnois.

Sources : Alimentation Couche-Tard, société pétrolière l'Impériale, Harnois Groupe pétrolier

Infographie La Presse