Les sacs d'emplettes minces utilisés par Walmart, Pharmaprix, Metro, Couche-Tard et Dollarama, entre autres, devraient être bannis à Montréal à partir du printemps 2018. Telle est la principale recommandation de la commission qui s'est penchée sur les impacts du bannissement des sacs à usage unique, à la demande du maire Denis Coderre.

Les détaillants pourraient toutefois continuer à distribuer les sacs plus épais, comme ceux de Simons et Sports Experts, par exemple. La commission a aussi prévu des exceptions pour les sacs servant à transporter la viande, les fruits et les légumes en vrac (question d'hygiène), les housses en plastique utilisées par les nettoyeurs et les sacs à journaux.

«Nous avons une approche équilibrée et responsable», a déclaré Elsie Lefebvre, présidente de la Commission permanente sur l'eau, l'environnement, le développement durable et les grands parcs. Elle a rappelé que les sacs minces (moins de 50 microns) seront bannis dans toute la France à partir du 1er janvier prochain, car ce sont les plus dommageables pour l'environnement. Elle souhaite que le même barème soit utilisé à Montréal. Les sacs blancs usuels ont de 10 à 20 microns d'épaisseur.

La commission suggère au conseil municipal d'adopter un règlement sur le bannissement des sacs au printemps 2016 et de prévoir une période de deux ans avant sa mise en application. Le 22 avril 2018, Jour de la Terre, a été suggéré comme date d'entrée en vigueur. Ce délai permettrait aux détaillants d'écouler leurs stocks de sacs, aux consommateurs de changer leurs habitudes et aux fabricants de sacs de s'adapter.

Le comité exécutif a exprimé sa satisfaction. «Il nous apparaît que c'est un bon rapport. On l'accueille positivement. Il faudra se pencher sur les modalités d'application», a déclaré Réal Ménard aux médias.

Commerçants déçus

Les commerçants, très préoccupés par ce dossier, étaient d'un tout autre avis. D'ailleurs, des associations s'étaient déplacées à l'hôtel de ville, hier après-midi, pour assister au dévoilement du document. Toutes ont exprimé leur grande déception, une fois la lecture des 12 recommandations terminée.

«On parle de coûts additionnels importants pour les consommateurs et les détaillants. Il y avait consensus, il me semble, sur le fait que le bannissement était la pire des solutions», a déclaré Nathalie St-Pierre, vice-présidente au Conseil canadien du commerce de détail.

«Pendant des années, on voulait que les sacs soient le plus minces possible, et là, on se fait dire qu'on n'allait pas dans la bonne direction!», a déploré Pierre-Alexandre Blouin, porte-parole de l'Association des détaillants en alimentation du Québec.

Walmart appuie l'idée

Le représentant de Walmart, Alex Roberton, n'a pas réagi publiquement. Mais il a indiqué à La Presse Affaires que son employeur «appuie cette initiative» de réduction des déchets. Il n'a pas été en mesure de nous dire comment Walmart se plierait au bannissement, s'il devait entrer en vigueur.

Sylvain Ouellet, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'environnement, s'est interrogé sur les conséquences de l'application des recommandations à Montréal seulement. «S'il n'y a pas d'entente avec les autres villes, ça veut dire que le QUINZE40 [projet de centre commercial à Mont-Royal] sera exclu de ça.»

La commission propose à Montréal de faire les démarches nécessaires auprès de Québec et de la Communauté urbaine de Montréal pour qu'ils emboîtent le pas.

Les groupes de défense de la planète ont remercié le comité pour ses propositions. Une citoyenne a déploré le fait qu'elle devrait peut-être commencer à acheter des sacs pour ses déchets.

LES SACS DE PLASTIQUE EN CHIFFRES

>Le nombre de sacs en circulation au Québec a diminué de 52% de 2008 à 2010, passant de 2,2 milliards à 1 milliard.

> Les Québécois consomment 2,5 sacs de plastique à usage unique par semaine, en moyenne.

Sources: Conseil canadien du commerce de détail, Association des détaillants en alimentation du Québec