La direction du détaillant de vêtements Le Château s'est engagée à confondre les sceptiques en redressant sa chaîne de magasins, même si les difficultés que connaît l'industrie ont déjà eu la peau de certains de ses concurrents.

L'avenir de la société montréalaise de 55 ans est remis en question par les observateurs de l'industrie à chaque fois qu'un nouveau détaillant canadien demande d'être protégé contre ses créanciers ou ferme ses portes de façon définitive.

Mais le directeur financier du Château, Johnny Del Ciancio, a assuré mardi que la société était confiante de voir ses efforts venir à bout des pressions qui minent ses résultats financiers.

Le Château a commencé à fermer ses magasins les moins performants et en a rénové d'autres pour les adapter à un nouveau concept.

«Nous croyons que la stratégie est bonne et que nous allons dans la bonne direction - cela ne fait que prendre un peu plus de temps que nous l'avions prévu», a-t-il affirmé mardi lors d'un entretien.

Selon M. Del Ciancio, les magasins rénovés offrent de meilleures performances que les autres. Le Château s'attend à transformer cinq autres de ses magasins cette année, pour porter leur nombre à 20, ce qui représente moins de 10% de son réseau. Le détaillant devrait en outre mettre fin aux activités de huit à dix autres magasins d'ici la fin de l'année.

Mais selon l'analyste Randy Harris, de Trendex, Le Château réagit trop lentement.

«Ils doivent accélérer la cadence», a-t-il affirmé après que Le Château eu annoncé, mardi, avoir obtenu un nouveau prêt de la part de son fondateur et actionnaire majoritaire.

Plutôt que de solliciter un prêt auprès des banques, le détaillant montréalais a fait appel à Herschel Segal pour obtenir un montant de 15 millions de dollars, en plus des 10 millions qu'il lui a déjà empruntés par le passé.

Les prêts sont garantis par les propriétés de la société et seront de rang inférieur à celui de la facilité de crédit renouvelable de 80 millions du Château. Le taux d'intérêt sera le moins élevé entre le taux préférentiel de la Banque Royale multiplié par deux et 7,5%.

La chaîne de vêtements s'est déjà tournée à quelques reprises vers M. Segal et son épouse, Jane Silverstone Segal, qui l'a remplacé à la tête du conseil d'administration et au poste de chef de la direction, pour obtenir du financement.

Selon des spécialistes de l'industrie, les entreprises ne font appel à leur fondateur pour obtenir du financement que si l'investisseur peut obtenir de meilleurs rendements qu'avec d'autres investissements ou en dernier recours. M. Segal est aussi un des principaux investisseurs du marchand de thés David's Tea [[|ticker sym='dtea'|]] , qui s'est récemment inscrit en Bourse.

M. Ciancio a admis que l'entreprise aurait pu choisir d'autres options pour obtenir son financement, mais a fait valoir que passer par M. Segal était moins coûteux, plus rapide et que les conditions étaient moins nombreuses.

Comme plusieurs détaillants de vêtements, Le Château connaît des difficultés financières face à la concurrence étrangère.

Sa perte nette a plus que doublé à 38,7 millions lors de son dernier exercice financier, ce qui en faisait sa quatrième perte annuelle consécutive. Ses revenus ont glissé de 8,9% à 250,2 millions.

Lors du trimestre clos le 2 mai, les ventes du Château ont reculé de 4,8% à 50,8 millions, tandis que celles des magasins ouverts depuis au moins un an ont cédé 6,2%, malgré une augmentation de 25% des ventes en ligne.

La perte du premier trimestre a été légèrement moins importante, à 12,4 millions. La société avait cependant épuisé ses réserves d'argent à la fin du trimestre et a été forcée d'avoir recours à sa facilité de crédit de GE Capital.

Les vêtements, accessoires et chaussures du Château sont vendus dans 220 magasins, dont un aux États-Unis. La chaîne compte aussi quatre magasins sous licence au Moyen-Orient.