La quatrième tentative aura finalement été la bonne pour La Vie en rose, qui met la main sur Groupe Bikini Village (T.GBV), à l'abri de ses créanciers depuis plus d'un mois en raison de sa situation financière précaire.

Pour un peu moins de 4 millions de dollars, le détaillant de lingerie a annoncé mardi l'acquisition de 48 des 52 boutiques de Bikini Village, une entreprise établie à Sainte-Julie, en banlieue de Montréal, dont la dette était évaluée à quelque 6 millions.

«Ça fait déjà trois fois que cette entreprise-là se restructurait et j'ai été patient», a expliqué en entrevue le président et directeur général de La Vie en rose, François Roberge.

La clôture de l'acquisition, prévue d'ici la fin du mois, devra recevoir l'aval de la Cour supérieure, ce qui devrait être une formalité. L'action de Bikini Village devrait alors cesser d'être négociée à la Bourse de Toronto.

Les synergies sont évaluées à près de 2 millions de dollars. De leur côté, les quatre centres de liquidation n'ayant pas été acquis par La Vie en rose devraient fermer leurs portes.

M. Roberge estime que l'intégration de sa récente acquisition devrait prendre de six à huit mois. Ultimement, il souhaite ouvrir des boutiques dans le reste du Canada ainsi qu'à l'échelle internationale.

«La Vie en rose Aqua, notre bannière de maillots de bain, va demeurer dans nos boutiques et Bikini Village deviendra une offre singulière et exclusive» a-t-il expliqué.

M. Roberge estime que 300 des 400 employés de Bikini Village, soit ceux répartis à travers le réseau des boutiques, devraient conserver leur emploi.

«Pour le siège social de Bikini Village, on parle d'une cinquantaine d'employés touchés, a-t-il indiqué. Nous allons ouvrir entre 20 et 25 postes à notre siège social. Ceux qui sont intéressés à venir travailler à Montréal vont avoir le premier choix sur les postes.»

De son côté, le président-directeur du conseil de Bikini Village, Jocelyn Dumas, a salué l'arrivée d'un acheteur, mais n'a pas voulu commenter davantage la transaction.

Même si le secteur de la vente au détail de vêtements traverse une période difficile, comme en témoignent les fermetures des boutiques Jacob, de la bannière Smart Set, de Mexx Canada et de Parasuco, M. Roberge croit réussir là où plusieurs ont échoué.

Il a rappelé qu'à son arrivée chez La Vie en rose, il y a 19 ans, la chaîne comptait 23 magasins et essuyait des pertes importantes. Actuellement, l'entreprise compte 180 magasins au Canada sous trois formes de concept et 90 boutiques dans plus de 17 pays.

D'après M. Roberge, Bikini Village passe inévitablement par un repositionnement de la bannière sur les plateformes numériques ainsi que les réseaux sociaux, qualifiant cette stratégie d'«incontournable».

«Il faut se faire connaître, a-t-il affirmé. Chez La Vie en rose, 50 % des gens qui viennent en magasin vont sur le Web pour s'informer des tendances. Ils n'achètent pas toujours sur le Web, mais ils regardent ce qu'il y a de nouveau.»

Bikini Village avait clôturé l'exercice 2014 avec une perte de nette de 6,4 millions, alors qu'elle avait été de 1,1 million l'année précédente. Son chiffre d'affaires avait aussi glissé de 14 % en 2014 pour s'établir à 36 millions.

Le conseiller Terry Henderson, du Groupe J.C. Williams, a estimé qu'il s'agissait d'une bonne transaction pour le secteur québécois de la vente au détail de vêtements qui permettait de maintenir des emplois.

Spécialisé dans le commerce au détail, M. Henderson a souligné que détaillant de Sainte-Julie avait trouvé un acheteur qui vend déjà des maillots de bain, ce qui représente un atout.

«C'est une entreprise québécoise qui en achète une autre avec l'ambition de la relancer », a-t-il analysé.

M. Henderson ne serait toutefois pas surpris de voir d'autres détaillants canadiens fermer leurs portes au cours des prochains mois si leurs ventes printanières sont décevantes.