L'entente conclue entre Berkshire Hathaway et Procter&Gamble (P&G) qui permet au conglomérat dirigé par Warren Buffett d'acquérir Duracell est intéressante sous plusieurs angles, particulièrement sur le plan financier.

Pour boucler la transaction, le conglomérat cède à P&G les 52 millions d'actions qu'il détient dans la multinationale américaine. Il faut donc comprendre qu'il s'agit d'une entente d'environ 4,7 milliards US, soit la valeur de la participation d'environ 2% que Berkshire détient dans P&G.

En retour, Berkshire obtient une entreprise recapitalisée car P&G injecte 1,8 milliard US dans Duracell avant de la céder. Dans les faits, la transaction équivaut donc à 2,9 milliards US.

Le coût d'acquisition de la participation de Berkshire dans P&G est évalué à 336 millions US. Berkshire a donc payé ses actions à un coût moyen de 6,40$US (elles valent 90$US aujourd'hui).

«Je présume que Berkshire a structuré la transaction pour faciliter sa décision de se départir de sa position dans P&G. Il pourrait aussi y avoir des avantages fiscaux», commente l'analyste Clifford Gallant, chez Nomura.

«Buffett sort un nouveau lapin de son chapeau. Il a trouvé une façon élégante de se sortir du titre. Son rendement passé est énorme et à l'abri de l'impôt. C'est l'idéal pour lui. Il est certain que cet échange d'actions est non imposable aux yeux du fisc, autrement Buffett n'aurait jamais fait cette transaction», ajoute le gestionnaire de portefeuille Carl Simard, de la firme Medici de Saint-Bruno-de-Montarville.

«Buffett trouve toujours une façon de tirer son épingle du jeu d'une manière intéressante», dit le gestionnaire, qui ajoute que le prix payé pour Duracell est équivalent à sept fois le bénéfice d'exploitation. «Ça ne semble pas très cher payé», dit-il.

Mauvais signe pour P&G

Selon Ali Dibadj, analyste chez Bernstein, le signal que Buffett lance à P&G est inquiétant. «Ça veut dire que Buffett préfère détenir Duracell plutôt que P&G, ce qui n'est pas bon signe pour P&G.»

«Le rendement est fait avec P&G. La croissance est limitée», commente Carl Simard, qui est actionnaire de Berkshire Hathaway.

«P&G a souvent tenté de vendre Duracell dans le passé, mais n'avait jamais pu trouver un acheteur prêt à payer ce qu'elle croyait que Duracell valait», soutient Bill Chappell, chez SunTrust.

«En tant que marque américaine forte et avec un logo emblématique, Duracell a ce qu'il faut en apparence pour faire partie de Berkshire», dit Clifford Gallant.

Cette transaction impliquant Duracell est par ailleurs une bonne chose pour le concurrent Energizer, selon Bill Chappell.

Au printemps passé, Energizer avait indiqué vouloir inscrire séparément en Bourse l'an prochain ses deux principales divisions: les piles et les soins personnels.

«Une fois que ça sera fait [placer les deux divisions en Bourse], une des deux ou les deux divisions seront perçues comme des cibles d'acquisition potentielles. La vente de Duracell est utile dans le sens où elle fournit un point de comparaison et un multiple de base pour évaluer la division des piles d'Energizer», précise l'analyste de SunTrust.

Les principaux investissements boursiers de Berkshire Hathaway

Au 31 décembre dernier

1- Wells Fargo: 21,9 milliards US

2- Coca-Cola: 16,5 milliards US

3- American Express: 13,7 milliards US

4- IBM: 12,7 milliards US

5- Walmart: 4,5 milliards US

6- Munich Re: 4,4 milliards US

7- P&G: 4,3 milliards US

8- Exxon: 4,2 milliards US

9- US Bancorp: 3,9 milliards US

10- Sanofi: 2,4 milliards US