Dans cette rubrique estivale, La Presse vous présente chaque semaine une artère commerciale montréalaise à travers ses détaillants incontournables, originaux et charmants. Aujourd'hui, la rue Wellington, dans l'arrondissement de Verdun.

Les gourmets et les gourmands ont de plus en plus de raisons de fréquenter la rue Wellington, à proximité de la station de métro De l'Église (arrondissement de Verdun). On y trouve une poignée de restos à la mode (Blackstrap BBQ, Comptoir 21, Joblo, Tripes et Caviar, etc.) et des cafés branchés. Mais aussi une fromagerie, une poissonnerie, des boulangeries, des pâtisseries et des chocolateries qui valent le détour.

Ces commerces - dont quelques-uns ont été inaugurés cette année - apportent au quartier un vent de fraîcheur et de jeunesse. Ou d'embourgeoisement, diront certains. Chose certaine, ces nouvelles adresses, qui se mélangent à des institutions présentes dans la rue depuis des décennies, créent un mélange éclectique. Ce qui a l'avantage d'intéresser une large clientèle, du quartier et d'ailleurs.

Luc Gendron, président de la Société de développement commercial (SDC) Wellington et copropriétaire de la fromagerie Copette & Cie, est le premier à se réjouir qu'un «magasin d'aspirateurs comme dans le temps, qui amène de la couleur sur la rue» (Aspirateurs Verdun) côtoie la nouvelle boutique Les Chocolats d'Émilie. Mais il trouve que l'artère manque de boutiques de vêtements connues. «On a fait des recherches, et c'est une demande qui revient souvent», souligne-t-il.

La SDC souhaite aussi attirer des entreprises dans les deuxièmes et troisièmes étages des immeubles pour qu'il y ait davantage de travailleurs qui consomment dans le quartier pendant la journée. «Ça pourrait être des centres d'appels, des cliniques, des bureaux de professionnels, énumère Luc Gendron. Nous sommes facilement accessibles en métro et en bus, c'est près de l'autoroute, il y a des locaux libres de toutes les tailles.»

Depuis trois ans, le taux d'inoccupation des rez-de-chaussée est passé de 12 à 4 %, rapporte Billy Walsh, directeur général de la SDC Wellington. En incluant les niveaux supérieurs, il atteint plutôt «7 ou 8 %». La plupart des locaux à louer sont grands, jusqu'à 8000 pieds carrés, ce qui limite leur intérêt, croit-il. Il s'agit notamment d'ex-magasins de meubles et de l'ex-club vidéo Rogers.

Billy Walsh travaille afin que le quartier soit autosuffisant. «On ne contrôle pas à qui les locaux sont loués, car on ne les possède pas. Mais on tente d'influencer les choses du mieux qu'on peut avec les outils qu'on a.» L'un de ces outils est un concours qui s'adresse aux nouveaux commerces et qui octroie aux gagnants des bourses pouvant atteindre 10 000 $ pour les aider à démarrer. Il aimerait notamment attirer des commerces dans le secteur de la mode, du meuble et de l'électronique.

Permis de bar

Impossible, par ailleurs, de passer sous silence l'arrivée remarquée du Benelux (au 4026). Et pour cause: la brasserie artisanale a obtenu le premier permis de bar accordé à Verdun, une «ville sèche» depuis 1875. On peut donc y boire sans manger.

Pour le moment, du moins, seules les bières brassées sur place peuvent être vendues. Une dizaine de recettes temporaires s'ajoutent à la dizaine d'autres, offertes de façon permanente. «Pour moi, c'est de l'étapisme, de la prudence», dit le copropriétaire Jean Beaudoin, persuadé que Verdun fera éventuellement preuve d'une plus grande souplesse.

Jusqu'ici, l'homme d'affaires ne regrette pas du tout son investissement. «Ça a valu la peine. Autant pour les résidants que pour la Ville que pour nous. Nous sommes contents, ça va bien.»

Quelques adresses

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La Queue de Poisson

«On a vu un sondage sur les besoins dans le quartier, et huit personnes sur dix voulaient une poissonnerie. On y a ajouté le côté restauration parce que c'est complémentaire. Et ça assure un gros roulement des produits. Donc, on n'a pas de pertes», explique Roxane Boutet, copropriétaire du commerce, ouvert depuis avril. On y sert des fish & chips, des poissons grillés, des salades et de la bière, dans une ambiance maritime qui rappelle les sympathiques petits restos de la Nouvelle-Angleterre.

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Connexxion

Contre toute attente, une entreprise qui nettoie la brique et la pierre a pignon sur la rue Wellington depuis avril. «C'est une question d'image. Plusieurs entreprises de service ont seulement un numéro de téléphone. C'est insécurisant pour les clients quand tu n'as pas de place d'affaires. Et ça nous permet de rencontrer les architectes, de leur montrer des vidéos», raconte Francine Pelletier, qui nous y a accueille. Connexxion partage le local - astucieusement aménagé grâce à des murs de verre - avec Maçonnerie Gratton, une entreprise qui offre des services complémentaires aux siens.

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Les Chocolats d'Émilie

«Toute ma jeunesse, mes parents m'amenaient sur Wellington magasiner. Alors, je connais bien le quartier!», répond spontanément Émilie Gagnon quand on lui demande pourquoi elle a choisi Verdun pour y établir sa chocolaterie, il y a un mois. Avant même d'ouvrir, elle avait tissé des liens avec d'autres commerçants: elle achète son thé au Cha noir (4646) et son fromage (oui, oui!) chez Copette & Cie (4650). On y trouve 22 saveurs de chocolats (classiques et originales), des caramels, des cupcakes miniatures et des milkshakes. La pâtissière cuisine aussi des gâteaux sur commande.

4150

Boulangerie rustique Sweet Lee's

Pour une viennoiserie originale ou un dessert hors du commun, l'endroit est tout désigné. On y vend des croissants au citron et petits fruits, des «bialee» aux tomates séchées (inspirés des traditionnels bialys juifs), des biscuits salés à l'indienne... mais aussi des gâteaux au fromage, des fondants au chocolat et des pizzas. On peut commander en ligne avant de se déplacer. Le site web, par contre, est encore unilingue anglais. Le commerce, inauguré il y a six mois, occupe un local décoré avec beaucoup de goût, dans lequel se trouve aussi le Café Saint-Henri.

3918

Chic

C'est l'une des rares boutiques de vêtements pour femmes dans la rue. «J'éprouve une grande fierté à briser la glace. Il faut de l'audace, mais je suis contente et très optimiste», lance la propriétaire, Lise Gauthier, qui a inauguré sa boutique il y a 10 mois. Aussi propriétaire du fleuriste Chrysanthème (3785) depuis de nombreuses années, elle apprécie la qualité des nouveaux commerces autour d'elle. «L'artère s'entraîne intensément au gym. Son cardio va bien, elle est sur une bonne lancée!» Depuis peu, La Mistinguette (4537) offre aussi des vêtements «de 20 éco-designers québécois».

3963

Chaussures Dupuis

Voilà maintenant 34 ans que Serge Dupuis (natif et résidant de Verdun) tient boutique dans la rue Wellington. Son commerce ne paie pas de mine, mais que vous cherchiez des chaussures étroites ou très larges (jusqu'à 6e), dans lesquelles s'insère ou non une orthèse, vous devriez trouver. «Sans prétention, je peux vous dire que mon magasin est unique. Ça n'existe pas ailleurs, mes clients viennent d'Ottawa, de Val-d'Or, de l'État de New York. Je tiens 300 modèles. Les vendeurs d'orthèses se limitent à 30 ou 40. Dans mon secteur, c'est moi qui ai le plus gros chiffre d'affaires au Québec.»

4650

Copette

Luc Gendron raconte que sa conjointe et lui devaient sans cesse sortir de Verdun pour faire leurs emplettes. Et qu'ils n'étaient pas les seuls dans leur situation. C'est ce qui les a convaincus de lancer leur fromagerie, à la fin de 2009. «Certains gageaient qu'on ne "tougherait" pas six mois. D'autres prédisaient qu'on ne vendrait que du fromage en grains. Finalement, on a eu jusqu'à 10 employés!» On y trouve aussi des charcuteries, les desserts de Carrément tarte, les pains d'Arhoma. C'est aussi un important point de chute pour les fermes Lufa.

4741

M. H. Grover

Vous vous demandez où peuvent bien s'habiller les gars de 7 pieds, ceux qui portent des jeans grandeur 76, les joueurs des Alouettes? Souvent chez M. H. Grover & Fils, un magasin de vêtements pour hommes hors normes qui existe depuis 1925 à Verdun. On y trouve de chics costards (jusqu'à la taille 72), mais aussi des Levi's (introuvables ailleurs) et des t-shirts. Le choix est immense (7000 pieds carrés). «Si tu ne trouves pas ce que tu cherches ici, c'est parce que tu ne veux pas payer. Parce que j'ai tout!», lance le propriétaire Kenny Grover, petit-fils du fondateur. La clientèle vient souvent de loin: 40 % seulement réside dans l'île de Montréal.

PHOTO DAVID BOILY

Les pains de la fromagerie chez Copette & Cie.