L'odeur du pain des boulangeries Première Moisson pourrait bientôt embaumer les rues de Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke. En concluant un partenariat avec l'épicier Metro (T.MRU), la propriétaire de l'entreprise familiale, Liliane Colpron, espère pénétrer d'autres marchés que Montréal au cours des prochaines années.

À l'heure actuelle, la présence de Première Moisson est quasi-exclusive à la métropole. Il y a bien cette succursale à l'Université d'Ottawa depuis 2011, mais sinon, les 22 autres boulangeries ont pignon sur rue dans la région de Montréal.

Cette situation est néanmoins appelée à changer en raison de la prise de contrôle de l'entreprise par Metro, qui détiendra une participation majoritaire de 75% en vertu de la transaction annoncée mardi.

«Doubler le nombre de succursales, je pense que c'est très réaliste. C'est ce qu'on va viser de faire le plus rapidement possible. Je pense qu'ils attendent ce genre de boulangerie-là. Il y a de la place pour ce genre de commerce-là», a soutenu le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche.

Le dirigeant était aux côtés de Liliane Colpron, mardi matin, à la succursale du marché Atwater, pour dévoiler les grandes lignes de la transaction. Le montant de celle-ci n'a pas été dévoilé, mais la famille Colpron-Fiset, qui a fondé Première Moisson en 1992, conservera 25% du capital de l'entreprise et continuera d'en assurer la gestion.

«La famille est très heureuse de ce partenariat avec Metro, qui est une entreprise solide et réputée. Nous partageons la même philosophie, le même objectif d'acheter local et naturel», a déclaré Mme Colpron.

La fondatrice de la chaîne de boulangeries dit avoir été approchée à quelques reprises par d'autres joueurs de l'industrie alimentaire au cours des dernières années, mais à chaque fois, elle a jugé que le moment était mal choisi.

Elle se dit aujourd'hui confiante d'avoir pris la bonne décision en s'associant à Metro, y voyant une forme d'évolution naturelle.

«La vie d'une entreprise, c'est la même chose que la vie d'un être humain; c'est le changement, c'est l'évolution. On était rendu à ce point-là, on avait besoin d'un partenaire stratégique pour accélérer la croissance et le déploiement», a-t-elle résumé.

Cette acquisition ne compromet en rien les ententes existantes entre Première Moisson et les chaînes d'alimentation. On trouvera encore des produits de la boulangerie chez les compétiteurs - du moins, jusqu'à nouvel ordre, a indiqué M. La Flèche.

Mais chose certaine, chez Metro, la visibilité, la disponibilité et la variété des produits sont appelées à croître. Kiosques, produits exclusifs: tous les scénarios sont à l'étude pour assurer un déploiement maximal dans les quelque 200 épiceries du Québec et les quelque 140 situées en Ontario.

«Vous allez voir plus de produits Première Moisson dans nos magasins, c'est certain. Première Moisson va être une marque fortement associée à Metro, et on pense que ça va faire rayonner la marque et rehausser l'offre dans les magasins», a résumé Éric La Flèche.

Pour l'heure, les deux dirigeants veulent faire lever la pâte au Québec. À plus long terme, ils n'excluent cependant pas une incursion dans le reste du Canada.

Et aux yeux de Liliane Colpron, le fait qu'un géant de l'alimentation prenne le contrôle de Première Moisson ne signifie pas la fin des boulangeries artisanales.

«Sûrement pas. C'est ce que Metro achète chez nous, notre côté artisanal. Tous nos équipements ont été conçus et achetés en fonction de conserver une méthode artisanale de fermentation des pâtes. (...) C'est la continuité dans la qualité», a-t-elle fait valoir.

L'entente conclue avec Metro prévoit le maintien des emplois chez Première Moisson ainsi que des partenariats en place avec des boulangers-propriétaires. La conclusion de la transaction, qui est soumise aux conditions régissant normalement les transactions de cette nature, devrait avoir lieu d'ici les prochaines semaines.

À la Bourse de Toronto, l'action de Metro a terminé en hausse de 42 cents, à 66,80 $.