La deuxième incursion de Reitmans aux États-Unis tire déjà à sa fin. Le détaillant fermera les 169 «boutiques» Thyme Maternité qu'il avait inaugurées à l'intérieur de magasins Babies«R» Us à la fin de 2012. «C'est un échec. Et c'est de notre faute si ça n'a pas fonctionné», a confié à La Presse le président et chef de la direction, Jeremy Reitman.

Le partenariat entre les deux détaillants s'est soldé par une perte de 7,9 millions de dollars pour Reitmans au cours de son dernier exercice clos le 1er février. Une performance jugée «insatisfaisante».

«C'était surtout un problème d'achalandage. Mais la promotion n'était pas adéquate, et les boutiques étaient un peu petites. Nous nous sommes installés dans plusieurs magasins que nous aurions dû éviter et ça, c'est notre faute. D'ailleurs, je nous blâme pour cette mésaventure. Il y a eu plusieurs problèmes d'exécution. C'était une mauvaise idée. C'était mal fait, ce n'était pas intelligent», a énuméré le patron de la plus importante chaîne de magasins de vêtements du Canada.

Rappelons que les temps sont difficiles pour Toys«R» Us aux États-Unis. Ses ventes comparables ont reculé de 5% et sa perte nette a été de 1 milliard US à son dernier exercice terminé le 1er février. L'entreprise ne ventile pas ses ventes par enseigne. Une «entente harmonieuse» a été conclue par les deux détaillants.

Les fermetures n'occasionneront pas de pertes d'exploitation «importantes». Par contre, les rabais offerts pour écouler la marchandise ont déjà commencé à grever la marge brute qui a «chuté abruptement», note l'analyste Mark Petrie, de CIBC Marchés des capitaux (de 59,2% à 54,8% au dernier trimestre).

Au Canada, les résultats des 23 boutiques Thyme Maternité dans les Babies«R» Us sont «difficiles», a admis Jeremy Reitman. Mais elles demeurent ouvertes.

Combinaison imparfaite

Ce sera la deuxième fois que Reitmans se retire du marché américain. De 1979 à 1991, le détaillant montréalais y a exploité l'enseigne Worth, fermée à la suite d'une restructuration judiciaire. Vingt ans plus tard, Reitmans avait choisi une stratégie peu risquée pour y remettre les pieds (pas d'investissements immobiliers). Mais le succès n'était pas assuré pour autant.

«Quand tu magasines avec tes enfants, la dernière chose que tu veux faire, c'est prendre ton temps. Tu veux entrer et sortir au plus vite. Or, quand tu achètes des vêtements, tu veux flâner, essayer. Tu n'es pas dans le même mode de magasinage», analyse Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal.

Étant donné que l'association entre les deux détaillants est récente, les femmes enceintes «ne s'attendaient pas à trouver des vêtements là [Babies«R» Us], ajoute Marie-Claude Frigon, associée et experte en commerce de détail chez Richter.

Reitmans a par ailleurs entrepris plusieurs initiatives pour réduire ses coûts: analyse des stratégies de commercialisation, réduction des investissements, etc. En outre, depuis 15 mois, une centaine d'employés du siège social ont été remerciés et «entre 20 et 30» autres subiront le même sort cette année. Quant à la marque Smart Set, au «piètre rendement», Jeremy Reitman dit que la formule «n'est pas la bonne» et qu'il «expérimente» pour la trouver.

Résultats financiers de Reitmans

Quatrième trimestre (terminé le 1er février)

> Revenus: 240,6 millions (- 10%)

> Ventes comparables: - 2,5% (aux États-Unis seulement)

> Perte nette: 2,57 millions

> Perte nette par action sur une base diluée: 4 cents

Exercice 2014 (terminé le 1er février)

> Revenus: 960,4 millions (- 4%)

> Ventes comparables: - 2,3%

> Bénéfice net: 10,7 millions (- 59%)

> Bénéfice net par action sur une base diluée: 17 cents