Ils sont rares, ils sont excessivement chers, ils sont convoités par les femmes partout dans le monde. Quasi mythiques, les sacs Birkin de la maison Hermès sont aussi au coeur de la stratégie d'affaires de la boutique que s'apprête à ouvrir la montréalaise LXR & Co, à Manhattan.

Tandis que plusieurs magasins travaillent à accroître ou améliorer leur offre en ligne, l'équipe derrière le site montréalais lxrco.com, qui vend de luxueux biens de seconde main, investit plutôt dans la brique et le mortier. Aujourd'hui, la jeune PME inaugurera sa deuxième boutique permanente aux États-Unis. Située dans le quartier Soho, à New York, tout près de Chanel, Longchamp et m0851 (de Montréal), cette boutique a nécessité un investissement d'environ 250 000$.

«Ça nous permet de vendre des sacs à main d'une autre gamme de prix. Sur le web, on vend des sacs Vuitton et Prada à 500$, en magasin on a des Birkin qui vont de 12 000$ à 30 000$. C'est une autre affaire. Donc, on se retrouve à couvrir un large spectre», a expliqué à La Presse Affaires Jean-Philippe Robert, cofondateur et vice-président au développement des affaires de LXR & Co. La boutique proposera aussi des bijoux, des montres et des sacs d'autres marques comme Dior, Channel et Louis Vuitton.

En novembre, l'entreprise de la rue Jean-Talon avait ouvert un «pop-up store» (magasin éphémère) à la même adresse (112, Wooster Street) pour tester le marché. L'endroit a fini par se faire connaître sous le nom de «Birkin Bar», tellement ces sacs étaient mis en valeur. Les résultats financiers ont été assez concluants pour convaincre le détaillant de signer un bail dans cette rue aux loyers salés. «C'est beaucoup plus cher qu'à Beverly Hills, où notre boutique [ouverte en 2012] est bien placée, confie Jean-Philippe Robert. C'est du simple au triple.»

À New York, LXR & Co mise sur les sacs Birkin - nommés ainsi en hommage à la chanteuse et actrice britannique Jane Birkin, qui a collaboré aux croquis - parce qu'il est très difficile de s'en procurer des neufs. «Il faut connaître les vendeurs, être sur des listes et acheter d'autres produits Hermès pour y avoir accès...» Et que sa sélection de 30 sacs lui permet de se différencier des nombreuses autres boutiques vintage dans la Grosse Pomme. De plus, il s'avère assez difficile de vendre des sacs à 15 000$ sur l'internet, question de confiance, entre autres.

Authenticité

Les sacs contrefaits sont tellement bien faits qu'il faut avoir un oeil d'expert pour les différencier des vrais. LXR & Co doit donc avoir une réputation irréprochable en ce qui concerne l'authenticité de ses produits. Vendre un seul faux Vuitton aurait de graves conséquences sur la PME, reconnaît Jean-Philippe Robert. Pour rassurer les clientes, LXR & Co ne fait pas de consignation. «La première chose qu'on dit, c'est qu'on a nous-mêmes acheté le produit, qu'on s'est commis financièrement. De plus, on a développé un processus d'authentification en plusieurs étapes et on donne une garantie.»

L'entreprise s'approvisionne dans des encans et chez des particuliers qui, parfois, ne savaient pas que leur sac préféré est un faux! Mais généralement, un sac en amène un autre. «Ça nous est arrivé d'aller chez des femmes et d'acheter la moitié de leur garde-robe. La réalité, c'est qu'il y a une concentration de la richesse», raconte le jeune entrepreneur.

À l'ère où les ventes en ligne croissent plus rapidement que les ventes dans les magasins, on peut se demander ce qui motive LXR & Co à vouloir avoir pignon sur rue. «Ça nous permet de mieux connaître notre clientèle et d'adapter notre site en conséquence. Le web permet de faire des études quantitatives, les magasins, ça permet de faire du qualitatif», répond Jean-Philippe Robert, qui s'attend surtout à vendre ses produits à des Chinoises, des Russes et des Brésiliennes.

L'idée d'ouvrir une boutique au Canada n'est pas exclue, mais il est plus probable que des «pop-up stores» voient le jour aux États-Unis. À l'heure actuelle, LXR & Co réalise 80% de ses ventes aux États-Unis, 10% au Canada et le reste en Europe.

Il est difficile pour la maison française Hermès d'accroître l'offre de sacs Birkin étant donné qu'ils sont fabriqués à la main et que la formation des recrues dure «au minimum 18 mois», a expliqué son président, Patrick Thomas, au magazine français Challenges, en 2012. «Si un artisan débutant a besoin d'un mois pour faire un sac, il prendra un mois», ajoutait le PDG. Ce qui donne un avante aux produits qu'offre LXR & Co.