Loin de se calmer, la guerre de prix dans le milieu de l'alimentation au Canada grimpera plutôt d'un cran en 2014. Une situation qui favorisera évidemment les consommateurs... mais donnera bien du fil à retordre aux épiciers, surtout à Metro.

La prochaine année s'annonce «particulièrement difficile» pour la montréalaise Metro, «qui sera sûrement à la recherche d'une acquisition, à moins qu'elle ne soit achetée par un concurrent», affirment cinq chercheurs de l'Université Guelph dans une étude sur le prix des aliments qui sera dévoilée aujourd'hui.

À leur avis, «l'expansion agressive de Walmart», l'arrivée au Canada de Target, l'acquisition par Sobeys (IGA) de la chaîne albertaine Safeway et la faible hausse prévue des prix à la consommation sont autant de facteurs inquiétants pour l'épicier dirigé par Éric Richer La Flèche.

L'un des auteurs, le vice-doyen à la recherche et aux études supérieures du Collège en management et études économiques de l'Université de Guelph, Sylvain Charlebois, croit que la guerre pourrait faire des morts. «J'ai l'impression qu'il pourrait y avoir moins d'acteurs après. Et celui qui m'inquiète le plus est Metro», a-t-il dit à La Presse Affaires. L'épicier pourrait être une cible de choix pour un détaillant étranger qui veut pénétrer le marché canadien.

La chaîne québécoise, rappelle-t-il, a perdu une importante bataille dans l'Ouest canadien, quand Sobeys a mis la main sur Safeway (pour 5,8 milliards de dollars, en juin dernier). De plus, Sobeys a quitté le groupe d'achat UGI après cette acquisition, ce qui a diminué «le pouvoir d'achat de Metro pour plusieurs de ses produits», précise l'étude.

Metro, notent les universitaires, doit conjuguer pour la première fois avec «une compétition accrue». Les spécialistes vont même jusqu'à affirmer qu'«avec l'arrivée des grands magasins [Supercentres de Walmart et Target], le modèle d'affaires de Metro est remis en question». Il n'a pas été possible, hier, d'obtenir les commentaires de l'épicier.

Même si l'approche de Target en matière d'alimentation «n'est pas très bonne», l'arrivée de ce géant américain a de l'impact parce que tous les détaillants s'y sont préparés, fait valoir Sylvain Charlebois. Walmart a pour sa part augmenté ses ventes d'aliments de 700 millions en 2012 par rapport à l'année précédente, ce qui met de la pression sur tous les épiciers.

À cela s'ajoutent divers écueils macroéconomiques et démographiques comme le fait que «les consommateurs vieillissent et, par conséquent, mangent moins».

Loblaw résiste mieux aux affrontements grâce à sa taille imposante. Et au Québec, des efforts sont faits pour redresser la barre, observent les auteurs de l'étude annuelle. «En changeant le nom de ses magasins [Loblaws] au Québec pour Provigo le Marché, Loblaw semble vouloir mieux comprendre les Québécois.» De plus, l'acquisition de Shoppers Drug Mart (Pharmaprix) lui permettra d'avoir accès aux centres-villes, où les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour des aliments à valeur ajoutée (mets préparés, aliments santé, etc.).

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Quels aliments coûteront plus cher en 2014?

Baisses ou très légères hausses de prix (- 0,63 à +1,50%)

> Fromage

> Lait

> Crème glacée

Quasi-stabilité (0,00 à +2%)

> Boeuf

> Porc

> Beurre

> Pain

> Biscuits

> Riz

> Pâtes

> Fruits et légumes en conserve ou surgelés

> Soupes

Hausses (+1 à 5%)

> Poissons et fruits de mer

> Poulet

> Produits de boulangerie (sauf le pain)

> Fruits et légumes frais

> Noix