Black Friday: la folie atteint le Québec

Notre Action de grâce a beau avoir été célébrée en octobre, à se promener dans les magasins, on dirait plutôt que c'est cette semaine que ça se passe. Comme c'est le cas aux États-Unis.

Car les aubaines du Black Friday - au lendemain de la fête de Thanksgiving - sont maintenant visibles partout. Pas moins de 60% des détaillants canadiens ont élaboré une stratégie pour profiter de cette journée qui marque le coup d'envoi du magasinage des Fêtes.

«Les détaillants canadiens ont profité du mouvement de marketing créé aux États-Unis pour accroître leurs ventes globales autour du Black Friday et du Cyberlundi», explique Doug Porter, économiste en chef, BMO Marchés des capitaux.

La concurrence de l'internet

Ils ont aussi importé cette tradition pour conserver les ventes au Canada, les consommateurs étant de plus en plus nombreux à utiliser le web pour profiter des aubaines américaines. «Toys «R» Us Canada fera sa part pour garder les consommateurs au nord de la frontière en offrant un événement à demi-prix pendant une semaine complète», avoue l'entreprise.

La menace est réelle: 62% des Montréalais prévoient magasiner chez les détaillants américains, en ligne ou en magasin, pendant le Black Friday, nous apprend un sondage de la société de conseils en management Accenture. Ils comptent surtout se procurer des vêtements, des jouets et des appareils électroniques.

Plus d'un Montréalais sur trois est d'avis que les détaillants canadiens «n'en font pas suffisamment pour rivaliser avec leurs concurrents américains, notamment lors du Black Friday», précise l'enquête. Les prix et, dans une moindre mesure, la qualité des produits sont en cause.

La tradition américaine se répand tellement au Québec que l'Office de la langue française lui a trouvé un nom dans la langue de Molière, plus tôt cette année. Désormais, il faudra parler de Vendredi fou, surtout pas de Vendredi noir, prévient-on. L'Office dit qu'on «peut aussi opter pour d'autres désignations comme Vendredi dingue, Vendredi dément ou encore Mégasolde de novembre, d'avant Noël, d'avant les Fêtes.»

Même à l'épicerie

Très populaire dans le secteur de l'électronique, l'événement a gagné des adeptes tous azimuts. Même les épiceries n'auront pas résisté si longtemps. Pour la première fois au Québec cette année, les enseignes du groupe Loblaw (Loblaws, Maxi, Provigo, etc.) embarquent dans la danse.

Leurs circulaires présentent «une sélection d'offres promotionnelles sur le thème du Grand solde du Vendredi noir destinées aux produits de marchandise générale [articles saisonniers, articles pour la maison, électronique, vêtements, etc.]», rapporte la porte-parole Geneviève Poirier. De leur côté, Metro et IGA n'ont rien prévu. Chez Jean Coutu, on offrira «quelques rabais» pour l'occasion, sans toutefois faire référence au Vendredi fou.

Certains détaillants n'attendent même pas le jour J pour attirer les clients. Canadian Tire lance le bal des rabais dès aujourd'hui avec son «Jeudi rouge». Pendant quatre jours, l'entreprise promet d'offrir ses plus bas prix de l'année. Joe Fresh commence encore plus tôt: depuis hier et jusqu'au 2 décembre, tout en magasin est à 40% de rabais.

Les centres commerciaux dans le coup

Les centres commerciaux ne veulent pas regarder la parade passer. Pour la première fois cette année, les Centres à la mode de Cadillac Fairview (Carrefour Laval, Galeries d'Anjou, Promenades Saint-Bruno et Fairview Pointe-Claire) se mettent de la partie en offrant le vestiaire gratuit et des cadeaux. De plus, ils ouvriront exceptionnellement leurs portes à 8h.

Air Miles, qui possède un centre commercial en ligne, a même publié ses conseils aux mamans débordées pour qu'elles profitent au maximum de l'événement. «Utilisez le temps de sieste, le temps de télévision ou votre heure de dîner pour acheter tous vos cadeaux en ligne sur airmilesshops.ca.»

D'où vient l'expression Black Friday?

De la couleur de l'encre utilisée du temps où la comptabilité était écrite à la main. Les comptables utilisaient de l'encre rouge quand l'entreprise était déficitaire et de l'encre noire quand les profits étaient au rendez-vous. Le vendredi suivant l'Action de grâce correspond généralement au jour de l'année où les détaillants commencent à faire de l'argent.