Le célèbre magasin Priape, un repère important du Village gai de Montréal, a fermé ses portes mercredi, causant une onde de choc dans la communauté homosexuelle.

Priape s'était placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité cet été. En plus du magasin de Montréal, l'entreprise exploitait des établissements à Toronto, Vancouver et Calgary.

Le syndic affecté au dossier, Ronald Gagnon du cabinet comptable Deloitte, a expliqué à La Presse Affaires que l'entreprise a grandement souffert de la décision de Santé Canada, cet été, d'appliquer strictement l'interdiction de vendre des «poppers» (nitrite d'alkyle), une drogue aphrodisiaque qui peut être dangereuse. Des dizaines de sex-shops canadiens ont dû retirer ces produits de leurs tablettes depuis la fin juin.

«La marge bénéficiaire sur les poppers était très élevée», a noté M. Gagnon, en soulignant toutefois que la situation financière de Priape était fragile depuis quelques années, en raison notamment de la vive concurrence des boutiques en ligne.

Pour survivre, l'entreprise aurait eu besoin d'une injection de capitaux dans son fonds de roulement, ce que n'étaient pas prêts à faire les actionnaires, Bernard Rousseau, Thierry Arnaud, Thierry Boulinguier et Grégory Noé. Il faut dire que ceux-ci ont prêté quelque 800 000 $ à Priape au fil des ans.

L'entreprise a été discrètement mise en vente cet été. «On a sollicité des acheteurs ciblés, on est allés jusqu'aux États-Unis et en Europe pour intéresser des gens, mais sans aucun succès», a indiqué Ronald Gagnon.

En excluant les prêts consentis par les actionnaires, Priape doit environ 1 million à sa centaine de créanciers, principalement des fournisseurs. «Les employés ne devraient rien perdre là-dedans», a assuré M. Gagnon.

Il a été impossible mercredi de joindre le directeur général de Priape, Denis Leblanc.

Priape a été fondé en 1974 par Robert Duchaîne et Claude Leblanc. L'entreprise employait une soixantaine de personnes. Pour l'instant, sa boutique en ligne, qui compte deux salariés, demeure ouverte. Le syndic espère encore trouver un acheteur pour cet actif.