«Pour moi, remettre Rona (T.RON) sur les rails, ça ne signifie pas seulement de mettre plus d'argent dans les poches des marchands indépendants. C'est m'assurer que je fais croître l'entreprise», a affirmé Robert Sawyer, hier, au cours d'une conférence sur le commerce de détail organisée par la Banque Scotia.

Le dirigeant répondait ainsi pour la première fois publiquement aux marchands et aux franchisés mécontents qui lui ont acheminé une lettre à la fin d'août, se plaignant notamment des rendements de leur investissement et de la faiblesse générale de Rona. La situation est telle que plusieurs membres, sollicités par les concurrents, «envisagent sérieusement de quitter Rona», ont-ils écrit.

«Ce ne sont pas eux qui m'ont embauché, et je leur ai dit. Je me rapporte au conseil d'administration, a lancé Robert Sawyer, en poste depuis avril. Pour eux [les membres], c'est un langage différent qu'ils ne connaissent pas.»

Selon le dirigeant, les marchands sont «de très bons opérateurs», mais ils sont "stressés". Stressés par un nouveau président «qui parle de retour sur l'investissement pour les actionnaires», par le prix des commodités «qu'ils ne contrôlent pas», par leurs marges de profit. «Ils mettent du stress dans la machine. Ils veulent des réponses, c'est toujours une question d'argent [...]. Ils ont besoin de me connaître mieux.»

Pression et embauches

Après avoir rappelé qu'il était arrivé chez Rona dans un «climat difficile», l'ex-numéro 2 de Metro a énuméré tout ce qu'il veut faire pour redresser le quincailler. «Nous avons une marque formidable qui a un fort potentiel, mais qui a besoin de réparations majeures.»

Sa priorité: «Passer d'une mentalité de vente de gros à une mentalité de vente au détail.» Un important virage qui n'est pas facile à faire «tout en ressentant la pression du marché et des actionnaires», a-t-il convenu.

Comment s'y prendra-t-il? «Nous devons revoir notre stratégie d'enseignes, la gestion des catégories, la façon de mettre les produits sur les tablettes, nous avons besoin de mettre le consommateur au coeur de nos décisions, d'améliorer notre exécution et d'avoir une équipe qui est responsable de ce qu'elle fait.»

Déjà, Robert Sawyer a revu la structure de l'entreprise, de sorte que 5 personnes se rapportent au président, plutôt que 13. Rona a recruté, il y a deux semaines, deux femmes qui cumulent des dizaines d'années d'expérience dans la vente au détail, soit Claire Bara (ex-Molson, Sobeys et Archambault) comme vice-présidente au marketing et Lucie Guimond (ex-Costco et Loblaw) comme vice-présidente à la commercialisation. Le printemps dernier, 325 postes avaient été supprimés au siège social.

Réno-Dépôt bientôt ailleurs au pays?

Au sujet de Réno-Dépôt, «l'enseigne à escompte» du quincailler, Robert Sawyer croit qu'elle a «un immense potentiel partout au Canada». «C'est notre moteur de la croissance pour l'avenir. C'est [l'enseigne] que nous devrions utiliser pour croître à l'extérieur du Québec.»

En faisant allusion aux récentes statistiques peu réjouissantes sur la construction de maisons neuves, le PDG a convenu que «le vent [lui] souffle dans le visage». Mais il croit que ses coupes dans les coûts - l'objectif est de réduire les dépenses de 110 millions par année - vont l'aider.

«Nous avons beaucoup de travail à faire quand nous nous comparons à nos concurrents, mais nous réussirons à le faire [...]. Je suis jeune, j'ai plusieurs années devant moi, je vais changer Rona», a promis celui qui travaille dans la vente au détail depuis 33 ans.