Le droit de préemption respectif qui lie Nestlé et la famille Bettencourt concernant leurs participations dans L'Oréal ne sera pas prolongé après son échéance en avril 2014, selon Peter Brabeck, président du conseil d'administration de Nestlé.

Dans une entrevue publiée par le journal suisse HandelsZeitung, M. Brabeck a déclaré que «le droit de préemption ne sera pas prolongé, c'est très clair».

Interrogé sur une éventuelle cession de la participation de Nestlé dans L'Oréal, soit environ 30% du capital, M. Brabeck a répondu: «Nous voulons avoir toutes les options sur la table, y compris celle du statu quo».

Le pacte d'actionnaires prévoit un droit de préemption jusqu'en 2014 si un des deux signataires, Nestlé ou la famille Bettencourt, venait à vendre ses parts dans L'Oréal.

D'autre part, le pacte interdit à Nestlé et à la famille Bettencourt d'accroître leur part dans L'Oréal jusqu'à 6 mois après le décès de Liliane Bettencourt.

Selon une porte-parole de Nestlé, «la participation de Nestlé dans la société L'Oréal a été bénéfique aux deux entreprises depuis de nombreuses années».

«L'Oréal sait qu'elle peut compter sur le soutien total de ses deux principaux actionnaires, Nestlé et la famille Bettencourt, et Nestlé a pu profiter de l'appréciation significative de la valeur à long terme de son investissement», a-t-elle ajouté.

Les relations entre Mme Bettencourt et Nestlé remontent en 1974.

À l'époque, Mme Bettencourt, considérée comme la femme la plus riche de France, avait échangé 46,3% du capital de L'Oréal contre 4% de Nestlé.

L'accord, signé pour 30 ans, jusqu'en 2004, prévoyait aussi que Nestlé était obligé d'acheter les actions de Mme Bettencourt dans L'Oréal si celle-ci voulait vendre.

Un deuxième accord a été signé en 2004, d'une durée de 10 ans, jusqu'en avril 2014.

Selon ce 2e pacte, Nestlé détenait 26,4% dans L'Oréal, suite à la fusion du groupe de cosmétiques avec Gesparal, son actionnaire majoritaire, où Nestlé détient 49%.

À l'époque, la famille Bettencourt et Nestlé s'étaient engagés pour au moins 5 ans à ne pas vendre leurs actions L'Oréal.

Parallèlement, Nestlé s'était engagé à ne pas vendre sa participation jusqu'à 6 mois après la disparition de Mme Bettencourt.

«Les conditions de l'accord liant Nestlé et la famille Bettencourt sont publiques», a rappelé la porte-parole du groupe suisse. «Depuis le 29 avril 2009, les parties sont libres de vendre leurs actions, chacune d'entre elles ayant concédé à l'autre un droit de préemption jusqu'au 29 avril 2014», a-t-elle ajouté.

Après cette date, les «parties sont libres d'offrir des actions à un tiers».

«L'avenir de la participation de Nestlé dans L'Oréal est un sujet d'importance pour le groupe, que son conseil d'administration examine avec la plus grande attention dans le cadre de sa stratégie mondiale en matière de nutrition, de santé et de bien-être», a encore indiqué la porte-parole.

Interrogée sur les propos de M. Brabeck, une porte-parole de L'Oréal a déclaré pour sa part à l'AFP que le groupe n'avait «pas de commentaire».

De son côté, la famille Bettencourt ne fait «pas de commentaire» sur les déclarations du dirigeant de Nestlé, a également indiqué une porte-parole interrogée par l'AFP.

La semaine dernière, la famille Bettencourt avait «rappelé son attachement à L'Oréal», dans un communiqué. «La cession de ses actions n'est donc aucunement envisagée», poursuivait-elle, en faisant référence à «des articles de presse» qui «ont laissé entendre que la famille Bettencourt pourrait céder sa participation dans L'Oréal à la société» elle-même.

La famille Bettencourt et le groupe Nestlé sont les deux principaux actionnaires de L'Oréal. Au 31 décembre, ils détenaient respectivement 30,5% du capital et des droits de vote pour la famille Bettencourt et 29,3% pour Nestlé.

L'Oréal, numéro un mondial des cosmétiques, publie ce jeudi ses résultats du premier semestre. Sur les six premiers mois de l'année, son chiffre d'affaires, publié à la mi-juillet, s'est élevé à 11,7 milliards d'euros (15,6 milliards de dollars), en hausse de 4,7%.