La fusion entre Loblaw (T.L) et Shoppers Drug Mart (T.SC) a attisé le marché des titres de consommation de base à la Bourse de Toronto, hier, un domaine déjà en feu, et a même eu des répercussions sur le groupe tout aussi "chaud" des fonds de revenus immobiliers.

Grande gagnante de la journée avec un gain boursier de près de 24%, la chaîne de pharmacies pancanadienne aurait même encore du potentiel. L'analyste Peter Sklar, de BMO Capital, considère qu'une surenchère, bien que peu vraisemblable, n'est pas totalement à exclure. L'indemnité de rupture de 300 millions de dollars n'est pas prohibitive, note-t-il.

Les actions de Shoppers ont clôturé la séance mouvementée à un prix de 60,12$, non loin de la valeur de 61,54$ attribuée à la contrepartie en actions et comptant offerte par Loblaw. Cette dernière a elle-même bondi de plus de 5% sur la nouvelle tandis que son actionnaire majoritaire, la société George Weston, gagnait presque autant.

Jean Coutu et Couche-Tard

La frénésie a emporté les actions du Groupe Jean Coutu que la rumeur rapproche depuis longtemps à Metro, ce qui représenterait une réplique cinglante à la fusion entre Loblaw (Provigo/Maxi au Québec) et Shoppers (Pharmaprix). Jean Coutu, déjà à son sommet de l'année, a gagné près de 5%, à 18,98$, et retrouve son plus haut niveau en huit ans. De son côté, Metro, aussi très prisé des investisseurs, a pris 2%, à 72,05$.

Le détaillant Alimentation Couche-Tard a aussi retrouvé de la vigueur bien que la mégatransaction du jour ne représente rien de bon pour lui. Le titre, qui avait déçu les attentes élevées des investisseurs avec ses derniers résultats trimestriels la semaine dernière, s'est apprécié de près de 2%, hier. Selon Martin Landry, de GMP Securities, la fusion de Loblaw et Shoppers augmentera la concurrence dans les secteurs de l'alimentation et des biens de consommation courante au Canada, un marché qui ne représente toutefois plus que 20% des profits de la multinationale.

Au total, le sous-indice TSX consacré aux entreprises commerçantes de première nécessité, comme l'alimentation et la pharmacie, a progressé de 7% dans une séance autrement atone. Le secteur qui comprend aussi le détaillant Empire (Sobeys/IGA) de Nouvelle-Écosse en plus des vedettes boursières québécoises précitées a généré un rendement de 36% depuis un an, dividendes inclus. C'est trois fois plus que pour l'indice global du marché canadien, le S&P/TSX. C'est aussi deux fois plus que pour l'indice comparable des entreprises de consommation de base aux États-Unis qui traînent même un peu sur le marché général.

Les fonds de placement immobilier

La fusion de Loblaw et Shoppers pourrait également affecter quelques fonds de placement immobilier, un secteur boursier aussi très actif, en renforçant la position de négociation de Loblaw comme Shoppers face à ces propriétaires d'immeubles commerciaux, note l'analyste Heather Kirk, de BMO Marchés des capitaux. Parmi les grands fonds, First Capital Reality est particulièrement tributaire des loyers de Shoppers et Loblaw qui comptent ensemble pour 10% de ses revenus. Le titre en net retrait depuis le mois de mai a abandonné 0,6% de sa valeur, hier.

«L'acquisition permet à Loblaw d'accéder au meilleur réseau de pharmacies au Canada avec une tendance démographique favorable sur le long terme», commente l'analyste Jim Durran, de la firme Barclays. L'expert torontois recommande toujours la surpondération du titre dans son industrie, à la perspective "neutre". Sa cible de prix de 51$ est en révision. Celle-ci rejoint la moyenne établie par les 13 autres analystes qui s'y intéressent.