Le géant de la rénovation Rona (T.RON) a décidé de ne pas vendre son réseau de magasins à grande surface hors Québec et tentera plutôt de redresser la situation en améliorant l'expérience pour les consommateurs, a indiqué mardi son nouveau chef de la direction.

«Quand un client de bonne humeur entre dans votre magasin et qu'il quitte satisfait, cela aide à le convaincre de revenir», a observé Robert Sawyer, ancien dirigeant d'un détaillant alimentaire, après s'être adressé aux actionnaires pour la première fois.

Les leçons qu'a tirées M. Sawyer de ses années dans le secteur des épiceries, très concurrentiel, sont aussi utiles dans l'industrie de la rénovation domiciliaire.

M. Sawyer a estimé que ses prédécesseurs n'avaient pas fait un mauvais travail, mais qu'ils n'avaient pas su digérer les acquisitions faites au fil des ans lorsque la récession a frappé.

«Alors je dois revenir à la base, regarder la marchandise, l'approvisionnement, la chaîne de fourniture et le marketing pour voir comment nous allons présenter cela à nos clients dans toutes les régions du Canada», a-t-il indiqué aux journalistes.

Cela pourrait se traduire par la production de circulaires qui répondent aux diverses demandes des consommateurs locaux plutôt que des ventes uniformes à la grandeur du pays.

M. Sawyer a l'intention de dévoiler sa stratégie lors du prochain trimestre, mais la chaîne a d'ores et déjà décidé de ne pas vendre son réseau de magasins à grande surface à l'extérieur du Québec pour se concentrer sur ses emplacements de plus petites tailles.

«Tous les ingrédients du succès sont là. Il reste à optimiser la recette pour obtenir le plein potentiel de cette magnifique entreprise», a-t-il indiqué aux actionnaires, réunis à l'occasion de leur assemblée annuelle.

Avant l'arrivée de M. Sawyer à la barre de Rona, il y a cinq semaines, la société québécoise avait indiqué qu'elle étudiait la possibilité de vendre ou de réduire la taille de ses 30 magasins de style entrepôt à l'extérieur du Québec, lesquels génèrent des revenus annuels d'environ 750 millions $ mais ne sont pas rentables.

Mais M. Sawyer a indiqué mardi que la plupart de ces magasins ne perdaient pas d'argent et que les vendre aurait un important impact sur le réseau de distribution de l'entreprise.

Selon le président de Rona, Robert Chevrier, ces magasins font partie d'un réseau de magasins dont les tailles varient, ce qui procure à la société un avantage concurrentiel sur ses rivales américaines comme Home Depot et Lowe's.

La vente de ces magasins diminuerait la valeur du reste du réseau et ternirait la perception qu'a le public de sa marque, a-t-il précisé.

Rona annoncera dans quelques semaines si elle décide ou non de vendre sa division commerciale et professionnelle, dont le chiffre d'affaires annuel est d'environ 500 millions $.

Son plan stratégique actuel prévoit la fermeture des 10 magasins à grande surface avec les moins bonnes performances, en plus de la réduction de la taille de 13 autres. Cinq magasins ont été fermés jusqu'à maintenant.

Au Québec, la société a aussi commencé à repositionner sa bannière Réno-Dépôt en tant qu'entrepôt. Elle prévoit notamment réduire la gamme de produits qu'elle y offre, tout en les offrant en plus grandes quantités et à de meilleurs prix.

Rona a réalisé à ce jour des économies de 17 millions $ sur une base annualisée, soit environ 40% de sa cible de jusqu'à 45 millions $ d'économies en coûts d'emplois administratifs et en renégociation d'ententes d'envergure.

Par ailleurs, Rona a affiché une perte de 40 millions $, soit 33 cents par action, pour son plus récent trimestre, ce qui se compare à une perte de 12,4 millions $, ou 11 cents par action, pour la même période l'an dernier.

Sur une base ajustée, la société a perdu 22,7 millions $, soit 19 cents par action, pour le trimestre clos le 31 mars, par rapport à une perte de 13,5 millions $, ou 11 cents par action, un an plus tôt.

Les analystes misaient en moyenne sur une perte par action de 14 cents, d'après les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Les revenus trimestriels se sont établis à 929,4 millions $, en baisse de 4,6 millions $ par rapport à l'an dernier. Les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont cédé 0,8 pour cent, ou trois pour cent dans la division du détail, le temps froid ayant occasionné une chute de 28 pour cent des ventes d'articles saisonniers.

Rona a expliqué la faiblesse de ses résultats par les perturbations des activités liées au repositionnement des bannières Réno-Dépôt et Totem, la hausse du coût du bois d'oeuvre et de certains matériaux de construction supérieure à l'augmentation des prix de vente, les conditions de marché difficiles ainsi que le printemps tardif.

«Comme prévu, l'exercice 2013 s'annonce exigeant, car il s'agit d'une année de repositionnement qui perturbera temporairement nos activités», a déclaré le chef de la direction financière de Rona, Dominique Boies.

Les perspectives pour 2014 sont meilleures puisque les mises en chantier canadiennes devraient augmenter, tandis que Rona devrait commencer à pleinement profiter de ses réductions de coûts.

L'action de Rona a clôturé la séance de mardi en baisse de 51 cents, soit 4,8 pour cent, à 10,12 $ à la Bourse de Toronto.