Travailleurs de tous les pays, unissez-vous! La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a appliqué le mot d'ordre à la lettre en allant sensibiliser, en début de semaine, les syndicats norvégiens à l'attitude réfractaire de Couche-Tard (T.ATD.B) à l'endroit de la syndicalisation de son personnel au Québec.

Depuis l'été 2012, Couche-Tard est le propriétaire des 2300 dépanneurs de Statoil Fuel and Retail (SFR), ancienne division de vente au détail de la pétrolière Statoil, qui appartient à 67% au gouvernement norvégien. Au moment de l'acquisition de SFR, 544 de ses dépanneurs étaient situés en Norvège. SFR compte 18 500 employés, syndiqués pour la plupart.

«Nous avons rencontré un membre de la Commission du travail et des affaires sociales du Parlement norvégien pour lui faire part de nos préoccupations sur Couche-Tard, a expliqué au téléphone Jean Lortie, secrétaire général de la CSN. Nous avons fait le portrait de ce qui se passe au Québec.

«Nous avons intérêt à mettre en garde ce député travailliste à l'égard de pratiques de Couche-Tard dans les relations de travail et à l'égard de ses comportements dans le processus de syndicalisation», a souligné M. Lortie, qui attendait son vol de retour à l'aéroport d'Oslo quand nous lui avons parlé.

Outre l'élu Thor Erik Forsberg, M. Lortie a rencontré une dirigeante de la Confédération norvégienne des syndicats (LO-Norvège), de même qu'un secrétaire du syndicat norvégien des employés de commerce et de bureau, HK-Norvège, qui représente 263 salariés de dépanneurs Statoil de Norvège.

«Nous demandons au gouvernement norvégien de s'assurer que le Fonds de pension du gouvernement joue son rôle d'investisseur actif auprès de Couche-Tard, dont il est actionnaire. Il l'a fait dans le passé avec Wal-Mart pour l'amener à modifier ses pratiques. Couche-Tard devra reconnaître les syndicats», a soutenu le secrétaire national de HK-Norvège, Torbjorn Brox Webber, dans un communiqué qui sera publié conjointement avec la CSN aujourd'hui.

Au 31 décembre 2012, la caisse de retraite nationale de la Norvège détenait 0,54% des actions d'Alimentation Couche-Tard, soit une participation d'une valeur d'environ 50 millions de dollars.

La campagne de syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard au Québec en est à sa troisième année, avec des résultats mitigés jusqu'ici. De multiples dossiers opposant l'employeur et des syndicats locaux associés à la CSN se trouvent devant la Commission des relations de travail.

Huit établissements sont syndiqués sur plus de 500 dépanneurs au Québec. Du nombre, deux ont fermé leurs portes. Deux autres ont été vendus à un franchisé. La vente de trois autres dépanneurs à des franchises a aussi été annoncée plus tôt cette année. Aucune convention collective n'est en vigueur.