On trouve de tout chez Jean Coutu, même des vêtements! L'entreprise, qui a 400 établissements au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, a introduit cet été dans sa succursale de la rue Sainte-Catherine Est à l'angle de Saint-André, à Montréal, une section vêtements.

Aux traditionnels bas, mitaines et gougounes qu'on y vend depuis des années s'ajoutent maintenant des chemises, cravates, polos, pyjamas, ceintures, chapeaux et sous-vêtements. Dans certains cas, à très bas prix. Les chemises se détaillent, par exemple, à 9,99$. En tout, une dizaine de fournisseurs y étalent désormais leurs produits.

«Nous faisons un test, indique Hélène Bisson, vice-présidente, communications, du Groupe Jean Coutu. Cette succursale du centre-ville est très grande [la plus grande du groupe avec 23 600 pieds carrés sur deux étages]. L'ajout de ces vêtements vient compléter notre offre de bas de nylon notamment. C'est vraiment du dépannage. On a l'espace pour tester des choses et le propriétaire de la succursale connaît des fabricants.»

Dans cette succursale, qui a récemment été rénovée au coût de 3,5 millions de dollars, se trouve aussi un comptoir de services Vidéotron ainsi que des nouvelles gâteries, soit des cupcakes. «On adapte notre offre au quartier, résume Hélène Bisson. Cette succursale se prête bien à ce genre de test, par son emplacement.»

L'annonce de la nouvelle offre de vêtements a en quelque sorte été officialisée la semaine dernière, par François J. Coutu, au cours du dévoilement des récents résultats trimestriels de l'entreprise, en conférence avec des analystes. «Mon père a décidé d'avoir une belle section de vêtements, croyez-le ou non», a dit le président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu.

La concurrence n'a pas emboîté le pas.

«Nous n'avons pas l'intention d'introduire des vêtements dans nos pharmacies, dit Tammy Smitham, vice-présidente, communications et affaires générales, de Shoppers Drug Mart/Pharmaprix. Nous misons plutôt sur la santé, les produits de beauté et la nourriture.»

«Notre positionnement est celui de pharmacien de famille, répond aussi Pierre Gince, porte-parole d'Uniprix. Le groupe intensifie surtout ses efforts du côté de la dermocosmétique, car c'est un marché en pleine croissance. Jadis, c'était une catégorie de niche que la bannière a contribué à démocratiser. Les produits sont offerts à des prix étonnamment abordables.»

Si le test est concluant, Jean Coutu pourrait devenir un concurrent de L'Aubainerie et des magasins à grande surface. «C'est une stratégie de diversification qui vise à s'ajuster à son environnement concurrentiel, les magasins d'alimentation qui se sont diversifiés en ajoutant des comptoirs pharmaceutiques, des sections de vêtements, etc.», estime JoAnne Labrecque, professeure agrégée, marketing, de HEC Montréal.

«C'est une bonne stratégie, bien que le défi soit la gestion des catégories. Les points de vente ne sont pas élastiques et l'enjeu est de présenter les gammes de produits qui attirent les clients et répondent à leurs besoins.»

La semaine dernière, le Groupe Jean Coutu a annoncé des revenus de 681,5 millions pour le trimestre terminé le 2 juin, en hausse de 3,2%.

«Les ventes au détail de notre réseau, et en particulier celles de la section pharmaceutique, ont affiché une solide augmentation en dépit des réductions de prix des médicaments génériques», a alors dit François J. Coutu.