L'offre d'Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) pour l'acquisition du réseau norvégien de stations-service Statoil Fuel and Retail est-elle insuffisante ? Plus d'un analyste envisage maintenant une bonification du prix offert ou, à tout le moins, d'autres délais avant que la transaction transocéanique puisse être conclue.

Le fait est que le détaillant québécois n'a pas obtenu le nombre d'actions convoité et doit prolonger son offre publique d'achat (OPA).

La période d'acceptation de l'offre de Couche-Tard, qui prenait fin lundi, a été prolongée au 29 mai. Sans indiquer le nombre d'actions de Statoil déposées, Couche-Tard a déclaré qu'il était «déçu par les résultats préliminaires». Il a invoqué la forte prime payée, l'absence d'offre concurrenteset la turbulence récente des marchés boursiers européens.

La Bourse d'Oslo confirme que seulement les deux tiers des actions de Statoil ont été offertes à Couche-Tard, loin de la cible de 90%. «Il s'agit d'un montant étonnamment faible, étant donné que le bloc d'actions de 54% détenu par la société mère lui était acquis. Cela implique que seulement 38 millions des 138 millions d'actions détenues par le public ont été présentées, note l'analyste Peter Sklar, de BMO Capital.

«Nous continuons à croire fermement que l'offre de Couche-Tard sera couronnée de succès, même si elle pourrait impliquer une nouvelle prorogation de la période d'acceptation ou même une augmentation de prix de l'offre, écrit M. Sklar. Nous estimons que si Couche-Tard bonifie son prix de 10%, la valeur de l'action de Couche-Tard serait réduite d'environ 1,40$ par action.»

Incidemment, l'action de Couche-Tard larguait tout autant à moins de 40$ pièce, hier midi, à la Bourse de Toronto.

L'analyste Martin Landry, de GMP Valeurs mobilières, s'attend pour sa part à ce que l'opération prenne plus de temps que prévu, mais sans qu'il soit nécessaire d'augmenter la note, toutefois. Il remarque que lors de l'acquisition du fournisseur norvégien de produits de communication Tandberg, en octobre 2009, Cisco Systems a dû augmenter le prix offert et prolonger les échéances. L'entreprise américaine n'a obtenu les 90% requis que trois semaines plus tard. De même, en janvier 2008, Microsoft n'a pu mettre la main sur l'entreprise de recherche norvégienne Fast Search&Transfer qu'après une prolongation et l'appui des deux plus grands actionnaires institutionnels.

«À notre avis, l'offre de Couche-Tard est convaincante et devrait rassembler un plus grand soutien des actionnaires dans les prochaines semaines étant donné l'absence d'offres concurrentes, le soutien de la société mère de Statoil, la turbulence dans les marchés boursiers européens et la prime de 53% par rapport au prix de clôture.»

L'analyste européen Martin Stenshall, de Danske Markets, avait déjà évoqué la possibilité d'une surenchère, au lancement de l'offre de Couche-Tard sur Statoil. Il soulignait dès lors que les 53 couronnes norvégiennes par action (51,20 après dividende) représentent 6,2 fois seulement le bénéfice avant impôts et amortissement obtenus par l'entreprise norvégienne au cours des 12 derniers mois.

«Il est possible que les actionnaires s'en rendent compte et qu'ils exigent une offre plus élevée», écrivait l'analyste. De fait, le titre de Statoil se négociait depuis l'offre à un prix légèrement supérieur à celui sur la table, à la Bourse d'Oslo. Il a légèrement diminué à l'annonce de la prolongation de l'offre de Couche-Tard, hier.

Merrill Lynch et la banque norvégienne ABG Sundal Collier ont analysé l'offre, à la demande de Couche-Tard et Statoil, et ont conclu que la somme proposée est «équitable». Réalisé à la demande de la Bourse d'Oslo, un troisième avis, totalement indépendant celui-ci, a aussi abouti à des conclusions similaires.