Une employée d'un dépanneur Couche-Tard, assignée à témoigner par la CSN devant la Commission des relations de travail, a été rencontrée mardi soir par trois avocats de la société qui l'aurait mise en garde que son témoignage pouvait nuire à son employeur.

Couche-Tard a indiqué à la Commission des relations du travail (CRT) qu'elle allait se défendre vigoureusement si la partie syndicale lui reprochait quoi que ce soit relativement aux discussions qu'elle a eues avec le témoin.

«Mme Scofield a été rencontrée mardi soir par trois procureurs de la partie patronale, un représentant des ressources humaines et son gérant mardi soir après qu'elle eut informé son gérant qu'elle était assignée à témoigner par la partie syndicale», a révélé hier à la CRT Me Isabelle Lanson, procureur du syndicat régional des travailleurs des Couche-Tard de Montréal et Laval, affilié à la CSN.

«On lui a dit que son témoignage pouvait potentiellement nuire à son employeur, a ajouté Me Lanson. Il est important que les témoins puissent témoigner sans encombre.»

Éliane Scofield travaille au Couche-Tard de la rue Guizot, coin Saint-Denis, qui n'est pas syndiqué. La semaine prochaine, elle viendra expliquer à la CRT la manière de procéder de Couche-Tard dans les fermetures de dépanneurs qui ne sont pas syndiqués.

Me André Sasseville, procureur de Couche-Tard, n'a pas apprécié les reproches de la partie syndicale. «On veut faire encore une chasse aux sorcières. Les témoins n'appartiennent à personne», a-t-il dit au commissaire Alain Turcotte.

Le commissaire a rappelé que les plaintes devant lui étaient à l'étape de l'enquête.

«Les témoins n'ont pas à craindre de leur témoignage. Il existe des recours pour protéger les témoins», a répété M. Turcotte.  

Couche-Tard s'oppose au témoignage d'employés d'établissements autres que ceux directement visés par les plaintes déposées à la CRT.

La partie syndicale plaide, de son côté, que leur témoignage sert à établir la preuve que l'employeur agit par antisyndicalisme.

Le commissaire a rejeté l'objection de Me Sasseville et a accepté d'entendre Mme Scofield, ainsi que d'autres travailleurs de dépanneurs Couche-Tard, en Montérégie.

La Commission doit décider de trois plaintes déposées par le syndicat affilié à la CSN à l'endroit de Couche-Tard et de son patron Alain Bouchard pour entrave et intimidation liée à la formation d'un syndicat.

Ces plaintes font référence à une vidéo interne dans laquelle M. Bouchard mettait ses employés en garde des conséquences négatives de la syndicalisation.

Les autres plaintes portent sur la fermeture des deux dépanneurs syndiqués. Le plaignant avance que ces fermetures ont été motivées par des sentiments antisyndicaux.

L'employeur rétorque que c'est la non-rentabilité des dépanneurs qui a entraîné leur fermeture.