Pour la deuxième fois en quelques semaines, Couche-Tard (T.ATD.B) demande la révision judiciaire d'une décision d'un juge administratif de la Commission des relations du travail (CRT) dans le conflit l'opposant à ses travailleurs syndiqués de la CSN. Le traitement d'une telle requête à la Cour supérieure peut retarder l'audition devant la CRT de plusieurs semaines.

Hier, le commissaire Alain Turcotte a rejeté une requête d'une ordonnance de non-publication des témoignages, formulée par Couche-Tard.

Les procureurs du syndicat CSN, de même que l'avocat représentant La Presse et La Presse Canadienne se sont opposés à l'ordonnance.

Après le prononcé de la décision, Me André Sasseville, qui défend Couche-Tard, annonçait qu'il demandait une révision judiciaire de la décision du commissaire Turcotte sur l'ordonnance de non-publication devant la Cour supérieure.

Il a également annoncé qu'il allait demander la suspension des audiences de la CRT ce matin, devant un juge en chambre. Le commissaire Turcotte a pour cette raison suspendu l'audition jusqu'à ce matin 11h00 en attente de la décision du juge de la Cour supérieure.

Couche-Tard demandait une ordonnance de non-publication des témoignages pour s'assurer de la crédibilité des témoins. Le témoignage de ceux-ci pouvait être entaché, selon ses prétentions, du fait de prendre connaissances des articles et reportages des médias reproduisant des extraits de précédents témoignages. Couche-Tard a demandé et obtenu au préalable l'exclusion des témoins dans cette affaire.

Le 21 décembre, la CRT avait reconnu la CSN comme partie au dossier en rejetant une objection préliminaire de Couche-Tard à ce propos. L'employeur avait répliqué en demandant la révision judiciaire de la décision. Pour économiser du temps, la CSN avait préféré se retirer du dossier et laisser le syndicat régional des travailleuses et travailleurs des Couche-Tard de Montréal et Laval-CSN mener le dossier.

La CRT entend depuis mardi les plaintes d'entrave, d'intimidation et de menaces déposées par le syndicat affilié à la CSN contre l'entreprise dirigée par Alain Bouchard.

Dans un point de presse qui suivait sa présentation devant l'Association des MBA du Québec, hier midi, Alain Bouchard ne s'est pas gêné pour critiquer les journalistes.

«Je suis étonné que vous ne parliez pas à nos employés outre les 50 qui ont demandé à être syndiqués, les 25 en fait, sur plus de 6000. Allez leur parler, sacrifice, vous n'avez pas d'éthique? Vous avez un problème d'éthique, je pense», a-t-il dit, visiblement exaspéré.

Depuis le début du conflit l'opposant à la CSN, M. Bouchard se refuse à tout commentaire sur le sujet.

Dans son discours devant les MBA, M. Bouchard est revenu sur les premières acquisitions qui ont marqué les premières années de Couche-Tard, dont celle de la centaine de dépanneurs 7 Jours qui appartenait à Metro en 1987. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, à l'époque chez Metro, avait exigé d'être payé en partie en actions de Couche-Tard. Il avait aussi exigé un contrat d'approvisionnement à très long terme. La décision s'est avérée judicieuse pour l'épicier. «La valeur aujourd'hui, pour quelques millions à l'époque (pour Metro), c'est plus de 600 millions. Ça été une très bonne décision pour notre ministre des Finances», a constaté M. Bouchard.