Un affilié d'Alimentation Couche-Tard ouvrira un commerce à quelques coins de rue de l'ancien dépanneur du groupe rue Saint-Denis, fermé pour cause de «non-rentabilité» il y a 10 mois peu après la syndicalisation de ses employés.

Le nouveau dépanneur sera situé à 515 mètres, ou sept coins de rue, de l'ancien Couche-Tard, soit à l'angle de la rue Beaubien et du boulevard Saint-Laurent. Il portera la bannière Provi-Soir, une marque de commerce de Couche-Tard, a appris La Presse Affaires.

Cette ouverture dans les environs immédiats fâche les ex-employés du dépanneur de la rue Saint-Denis, qui ont appris abruptement la perte de leur emploi en fin de soirée le 6 avril dernier. «Ça me choque, parce que la raison qu'ils nous ont donnée pour la fermeture, c'est que ce n'était pas rentable, dénonce Robin Maranda. Et là, ils ouvrent à quelques coins de rue, dans le même quartier.»

Jolyanne St-Amant, qui travaillait depuis quatre ans à l'ancien Couche-Tard du quartier Rosemont, ne se dit pas surprise. «Je l'avais prévu quelques jours après la fermeture, j'étais certaine qu'ils allaient rouvrir un autre dépanneur sous le nom de leur autre bannière.»

Couche-Tard a reçu de nombreuses critiques au cours de la dernière année pour ses pratiques jugées antisyndicales. La chaîne lavalloise a fermé un autre dépanneur en septembre dernier dans Rosemont-La Petite-Patrie, peu après la syndicalisation de ses employés avec la CSN. Elle avait aussi mis la clé sous la porte d'un commerce en voie de syndicalisation à Beloeil, en 2009, pour rouvrir un magasin au même endroit quelque temps plus tard.

Couche-Tard se défend

En entrevue téléphonique hier, la directrice du marketing de Couche-Tard, Mélissa Lessard, a insisté sur le fait que le nouveau dépanneur Provi-Soir sera exploité par un affilié, et non par la société mère.

«C'est un individu qui a décidé de se lancer dans les frais de base de l'opération, il va opérer sous la bannière Provi-Soir qui va lui donner quelques privilèges, mais ce n'est pas Couche-Tard qui se lance corporativement dans cette business-là», a-t-elle affirmé.

Mme Lessard fait aussi valoir que le nouveau commerce sera beaucoup plus grand que l'ancien Couche-Tard - avec 3500 pieds carrés - et qu'il offrira des fruits, des légumes et des charcuteries. Une offre complètement différente de l'ancien magasin, dit-elle.

Il reste que Couche-Tard a mené une étude sur la rentabilité du projet avant de donner le feu vert à son affilié. Une étude qui s'est avérée favorable. «C'est une analyse économique, on regarde entre autres le secteur et la concurrence pour valider quelle serait la viabilité potentielle, et si la marque Provi-Soir s'intègre dans ce marché-là aussi», a indiqué Mélissa Lessard.

Le nouveau commerce devrait ouvrir d'ici deux ou trois semaines et sera le 14e Provi-Soir affilié à Couche-Tard. Ce nom trouve son origine dans une chaîne de 245 magasins Provi-Soir acquise de Provigo en 1997, dont la plupart ont adopté le nom Couche-Tard.

La marque au hibou rouge avait à peu près disparu du paysage. Mais, depuis un an, Couche-Tard ouvre environ un nouveau Provi-Soir par mois, selon Mélissa Lessard. Celle-ci a refusé des commenter les accusations d'antisyndicalisme, hier.

La CSN entend se battre

La centrale syndicale CSN se bat toujours dans l'espoir d'obtenir un dédommagement pour les employés licenciés à la suite de fermetures. Ses représentants feront valoir leurs arguments au cours d'audiences devant la Commission des relations du travail, à la fin de février et au début de mars.

«On leur réclame jusqu'à 1 million en compensation pour les travailleurs qui ont perdu leur emploi dans les deux Couche-Tard, a indiqué David Bergeron-Cyr, vice-président de la Fédération du commerce-CSN. Ils n'ont pas fini avec la CSN, on a des recours juridiques et on est en train de les continuer.»