Le groupe américain de produits de grande consommation Procter & Gamble a publié vendredi un bénéfice net en chute de 49% pour le deuxième trimestre de son exercice décalé, à 1,7 milliard de dollars, résistant certes mieux que prévu, mais assorti de prévisions revues en baisse.

Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels, le bénéfice s'élève à 1,10 dollar, mieux que ne l'avaient prévu les analystes (1,08 dollar). Le chiffre d'affaires a progressé de 4% à 22,14 milliards de dollars, juste en deçà des attentes (22,19).

Le groupe a revu en baisse ses prévisions de bénéfice annuel. Hors éléments exceptionnels, Procter & Gamble attend un bénéfice de 4 à 4,10 dollars par action, contre 4,15 à 4,33 dollars précédemment, et 4,17 dollars attendus par les analystes.

«Le changement est principalement dû aux taux de change, qui ont eu un impact négatif de 15 à 18 cents depuis les estimations établies en début d'exercice», a indiqué le groupe dans un communiqué, évoquant la dépréciation pénalisante du rouble, du zloty, du real, du peso et de la lire turque.

Habituellement, ce type d'inconvénient est compensé par une baisse parallèle des coûts d'approvisionnement, «mais cela n'a pas été le cas cette année», a noté le directeur financier Jon Moeller au cours d'une téléconférence avec des analystes.

Les ventes sont attendues en hausse de 3 à 4%, contre +4,3% attendus par le marché.

Pour le trimestre qui vient de commencer, le groupe de Cincinnati (Ohio, nord des États-Unis), géant des produits d'hygiène et d'entretien, attend des ventes stables ou en hausse de 2% et un bénéfice par action de 91 à 97 cents, contre 1,06 dollar qu'escomptaient les analystes.

L'action cédait 0,71% à 64,34 dollars vers 16H00 GMT à la Bourse de New York.

«C'est un trimestre de mauvaise qualité», a souligné Dara Mohsenian, chez Morgan Stanley, surtout que le groupe a bénéficié d'une réduction de 20% de ses coûts d'exploitation.

«Nous continuons à faire des progrès sur nos principales priorités», a assuré le PDG Bob McDonald, vantant notamment les améliorations de productivité.

«Avec des comparaisons plus faciles sur les coûts des matières premières au cours du semestre qui vient, une croissance encore solide du chiffre d'affaires et des progrès dans les économies de coûts, nous pensons que la croissance du bénéfice d'exploitation s'accélèrera au deuxième semestre», a-t-il ajouté.

Pour la période écoulée, le fabricant des rasoirs Gillette, des couches Pampers, des shampooings Head & Shoulders, des lessives Ariel et des piles Duracell a vu ses volumes de vente augmenter un peu moins vite (-1%) que la croissance du marché, avec un reflux dans les pays développés partiellement compensé par une croissance proche de 10% dans les pays en développement.

«La croissance du marché a décéléré aux États-Unis et en Europe», a noté le directeur financier Jon Moeller, «l'Europe est maintenant probablement en récession, le Japon est en croissance négative, et le produit intérieur aux États-Unis progresse mais lentement», a-t-il noté.

«Nous pensons que Procter & Gamble pourrait devoir renoncer aux augmentations de prix dans certains catégories», a commenté valoir l'analyste de Morgan Stanley.

«Les volumes (de ventes) ont souffert de l'impact des prix» facturés, a concédé Jon Moeller, qui a signalé que 80% des augmentations prévues pour l'année avaient déjà été réalisées.

Mais le directeur financier compte bien sur la poursuite de la mise en oeuvre de ce qui était prévu, considérant que le groupe reste en mesure de fixer librement ses prix «dans beaucoup des activités». D'autant que «dans la plupart des marchés, la concurrence relève ses prix», à quelques exceptions près comme le marché britannique des lessives, soumis à la pression du concurrent anglo-néerlandais Unilever.

«On espère que (les prix) auront un impact positif» sur le chiffre d'affaires, tout comme la progression des volumes, a-t-il dit.