Les Québécois appuient à 57% la syndicalisation des employés des dépanneurs Couche-Tard, selon un sondage internet de la firme CROP commandé par la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

L'appui devient massif en ce qui a trait aux principales revendications des travailleurs dans leur négociation d'une première convention collective.

Ainsi, 84% des 1000 répondants joints les 13 et 14 décembre derniers se montrent en faveur de l'attribution de quatre jours de maladie par année par employé alors qu'ils n'en ont aucun. Il s'agit de congés payés. Autre exemple, 92% sont d'accord avec l'installation d'un bouton de panique à utiliser en cas de vol à main armée.

La centrale a rendu publics les résultats d'un sondage qui lui sont favorables le 11 janvier, une façon de marquer le premier anniversaire du tout premier syndicat CSN d'un dépanneur Couche-Tard, celui situé à l'angle des rues Jean-Talon et D'Iberville. Ce commerce est aujourd'hui fermé, tout comme celui de la rue Saint-Denis, au coin de Beaubien. La direction de Couche-Tard a toujours soutenu que les deux établissements, syndiqué pour le premier et en voie de l'être pour le second, avaient été fermés pour des raisons financières.

«La CSN cherche à prendre l'opinion publique comme partie prenante à un conflit de relations de travail qui ne touche pas directement les gens, explique Marc B. David, professeur de communication marketing à l'Université de Sherbrooke. On ne voit pas ça souvent et c'est intéressant.»

L'objectif, selon l'universitaire, est de faire de l'opinion publique une alliée qui mettra de la pression sur l'employeur, en mettant en jeu sa réputation de «bon citoyen corporatif».

«Si Couche-Tard veut redorer son blason auprès des Québécois, elle doit changer son fusil d'épaule et accepter que ses salariés exercent leur droit de se syndiquer», a dit Jean Lacharité, vice-président de la CSN, au cours d'une conférence de presse où on a dévoilé les résultats du sondage.

Coauteur du livre Comment parler aux médias, Bernard Motulsky doute fort que l'employeur réagisse à ce coup de sonde. «L'entreprise n'a pas avantage à nourrir le débat sur la place publique, dit-il. Jusqu'à présent, Couche-Tard n'a pas connu d'impact véritablement négatif sur ses affaires et sa réputation. Ça reste une réussite québécoise», ajoute-t-il.

Couche-Tard n'a pas voulu commenter le sondage, tout en faisant valoir qu'elle offrait de meilleures conditions de travail qu'ailleurs dans l'industrie.