«Soldes des Fêtes. Célébrez la saison et économisez jusqu'à 75%!» Les étiquettes jaunes dispersées dans le magasin ne font pas mentir Benix&Co. Jeux de shooters à 8,88$ au lieu de 39,99$, caquelons brie à 7,99$...

Même avant qu'on ait mis la touche finale au célèbre village de Noël du Complexe Desjardins, même avant l'arrivée des premiers flocons, la boutique d'articles de cuisine et de décorations étaient en mode temps des Fêtes. «Depuis deux semaines, mentionne la gérante Isabelle Rouet. Il y a plus de promotions cette année.»

«La courbe des ventes change maintenant, note Lili Fortin, directrice au développement des affaires de Tristan. L'impact du Boxing Day est un peu déplacé. Les détaillants devancent de plus en plus les ventes.»

Une toute récente étude du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) dévoile que les Québécois comptent dépenser 2,3 milliards de dollars, cette année, durant la période des Fêtes. Soit 2% de plus que l'an dernier et une moyenne de 673$ par ménage. Autant dire que les intentions d'achats demeureront les mêmes que celles de l'an dernier. «On s'attend à vendre un peu plus cette année, mentionne toutefois Louise Fourès, directrice des finances de La vie en rose. On s'attend à des hausses de 3% ou 4%, comme les ventes des derniers mois ont été plus élevées qu'à la même période l'an dernier. Le consommateur reprend confiance.»

«C'est stable depuis six ou sept années en magasin, dit Nadia Goyer, conseillère principale, communications et affaires publiques de Rona. Nos derniers résultats financiers montrent une baisse des ventes, mais les gens sont dans la féérie de Noël. Le réflexe d'achat ne diminue pas.»

Chez Bedo, on compte encore sur le designer Denis Gagnon pour faire sonner les caisses. «La collection Denis Gagnon pour Bedo s'est très bien vendue l'an dernier, affirme Elie Minassian, chef des opérations de Bedo. On va essayer de maintenir le même chiffre affaires grâce à la nouvelle, ODASI.»

Toujours selon le CQCD, 59% des Québécois estiment «que la situation économique actuelle influencera peu ou pas du tout leurs intentions d'achats». C'est 7% de moins qu'en 2010. De quoi réjouir le père Noël!

Cela étant dit, comment risque de se comporter le consommateur en novembre et décembre? Les commerces du centre-ville ont-ils raison de se parer de leurs plus brillants atours? Internet risque-t-il d'attirer davantage les cartes de crédit des clients? (voir autre texte)

Selon l'étude du CQCD, 53% des gens sondés comptent faire leurs emplettes dans des centres commerciaux. «Les gens manquent beaucoup de temps, note Louise Fourès. Ils tendent à aller où c'est facile d'accès, surtout avec les problèmes de circulation de cette année. Ils privilégient donc le centre commercial de banlieue.»

Sur 150 boutiques La vie en rose au Canada, les 103 en centres commerciaux devraient enregistrer des ventes plus élevées au pied carré que les magasins sur rue, soutient la direction.

Et les commerces de banlieue verront la clientèle de Noël se pointer à leurs adresses plus tôt à l'automne, notamment chez Renaud-Bray. «Le pourcentage des ventes de Noël varie selon le lieu des magasins, explique Blaise Renaud, directeur général de Groupe Renaud-Bray. Sur la Rive-Sud, on réalise 40% à 45% de notre chiffre d'affaires du temps des Fêtes en 60 jours. Alors qu'en région urbaine, on commence les achats de Noël en décembre. À Montréal, en octobre et novembre, le chiffre d'affaires est presque identique au reste de l'année.»

Chez la bijouterie Birks, le magasin-phare du centre-ville connaît cependant des ventes au pied carré plus élevées que les boutiques en centres commerciaux. «Car c'est celui où l'inventaire est le plus gros, note Eva Hartling, directrice des relations publiques et des événements de Birks & Mayors. Chez nous, on voit également beaucoup d'achats de dernière minute. Car la majorité des acheteurs sont des hommes et ils magasinent au dernier moment. La semaine avant Noël, à l'heure du lunch, le magasin est rempli d'hommes, dont plusieurs avec, en mains, un catalogue de Birks aux pages pliées ou marqué de post-it! Car ils ont reçu des suggestions de Madame!

«Cela dit, à la fin de novembre, on fait toujours un événement d'appréciation de la clientèle durant lequel il y a des promotions, ajoute Eva Hartling. Une grande proportion d'achats est faite à ce moment.»

Un objet brillera cependant autant que des bijoux, cette année, sous les sapins: des cartes-cadeaux. Environ 45% des gens en achèteront pour Noël. Une visite dans plusieurs boutiques nous a néanmoins permis de noter certains objets qui attirent autant que des cartes. Chez Benix & Co, un décanteur Trudeau à 17,99$ a la cote. «On le vend moins cher qu'ailleurs et on le vend en quantité industrielle», note Isabelle Rouet.

Chez Bedo, deux robes à paillettes, l'une verte, l'autre rose trouvent facilement preneuse, même si elles ne font pas partie des articles présentement soldés à 50%. Chez Future Shop, les télévisions intelligentes (SmartTV) devraient faire tourner bien des têtes. Et chez des Virgin Mobile, on a stocké une quantité appréciable de iPhone 4S et Samsung Galaxy S2. Enfin, chez Rona et ses entrepôts, il faut maintenant faire des pieds et des mains pour trouver une décoration de Noël à l'effigie de Snoopy au prix de 80,99$.

Imaginez quand on sera vraiment dans l'esprit des Fêtes! Car avant toute chose, il faut de la neige pour diriger énormément de clients dans les magasins. Foi de Blaise Renaud: «Un jour, il y a quelques flocons, et tout le monde arrive!»