Dans l'arrondissement de Saint-Laurent, les épiceries grande surface montrent un visage différent. À l'image de la diversité ethnique de ce coin de Montréal. Les employés autant que les produits vendus sont d'origine multiple. Ouvert il y a 10 jours, Super C marque le coup avec des allées et des comptoirs internationaux.

Des feuilles d'aloès géantes dans la section des fruits et légumes, de la castagnole au comptoir des poissons, des pieds de porc frais, des coeurs de boeuf... «Ici, les poulets barbecue cohabitent avec les noix en vrac», dit Marie-Claude Bacon, directrice principale, service des affaires corporatives de Metro.

En planifiant l'ouverture de leur 79e Super C (un projet de 7 millions de dollars), sur le boulevard Marcel-Laurin, là où on trouve aussi un Maxi, les dirigeants de Metro ont adapté leurs stocks à la démographie de ce coin de l'île de Montréal.

Selon Statistique Canada, l'arrondissement de Saint-Laurent est notamment composé de 22% de gens des pays arabes, 12% de Français, 19% d'Asiatiques, 6% de Grecs et 4% d'Italiens.

À l'intérieur, des drapeaux de nombreux pays indiquent rapidement aux clients où trouver des produits qui leur plairont, à bas prix comme pour les autres aliments, dans cette épicerie qui emploie une centaine d'employés de 32 nationalités. «Il y a une variété dans les légumineuses, les noix en vrac, la viande Halal et les poissons, alors que le consommateur québécois typique n'a pas un besoin exhaustif en matière de poisson, énumère Jean-Guy Tremblay, vice-président, opérations, de Super C. Normalement, dans un Super C, on trouve de 10 à 14 variétés de poissons frais. Ici, environ 50. Beaucoup de gens recherchent du frais. Les gens des communautés ethniques ont l'habitude de faire leurs achats plusieurs fois par semaine. D'ailleurs, les transactions types sont 25% plus basses que dans un autre Super C.»

En somme, le Super C de l'arrondissement de Saint-Laurent offrirait 3000 produits de plus que d'autres Super C. La superficie de celui-ci est aussi de 10% plus grande.

Mais offrir une telle variété de produits a demandé une recherche de fournisseurs plus poussée qu'à l'habitude. «Ce fut difficile de les trouver, dit Jean-Guy Tremblay. On les a dénichés en Ontario et aux États-Unis. C'est plus complexe aussi, car il faut être prévenant sur le plan des commandes. On parle de livraison une fois aux trois semaines. Certains fournisseurs n'ont pas voulu venir tout de suite, parce que ça représente peu de volume pour eux.»

Répandre la recette?

Car ce Super C pourrait faire des petits et donc être synonyme de commandes augmentées. Notamment à Notre-Dame-de-Grâce, Chomedey et Pierrefonds. «On a 19 magasins potentiels, futurs et existants, où on pourrait appliquer le même concept», dit Jean-Guy Tremblay.

D'autant plus que cette diversité alimentaire semble appréciée par toute la clientèle des Super C, Maxi et Loblaws. «Nous constatons que ce marché est en croissance et que même certains magasins, situés dans des régions loin des grands centres, commencent à recevoir des demandes des clientèles intéressées par l'offre de produits ethniques», dit Geneviève Poirier, porte-parole de Maxi et Loblaws, qui ont des adresses à Saint-Laurent depuis 1998.

«Parmi nos 79 magasins, 57 ont une variété de produits internationaux, affirme Jean-Guy Tremblay. Les gens voyagent et découvrent de nouveaux produits. Ils sont curieux. La popularité des légumineuses, du couscous, des aliments indiens, mexicains et méditerranéens est en hausse.»

Pour l'instant, les ventes des premiers jours donnent raison à Super C d'avoir ouvert lui aussi un magasin à Saint-Laurent. «On a vendu plus de pomelos ici la semaine dernière que dans toute la chaîne!», illustre M. Tremblay.