Certains gestionnaires de portefeuille québécois voteront en faveur de la proposition du régime de retraite de la CSN demandant l'adoption par Couche-Tard d'une politique visant le respect de la liberté syndicale.

C'est en tout le cas la recommandation qu'a faite le Groupe investissement responsable (GIR) à ses clients. Du nombre, on connaît les Hexavest, Bâtirente et le Fonds de solidarité FTQ.

« (À l'assemblée,) mon sentiment est qu'on va sentir vraiment une mouvance, dit Olivier Gamache, président-directeur général de GIR depuis 2007. Je sais qu'il va y avoir des interventions et des questions au micro. Il y a des enjeux qui seront discutés. Il va y avoir un message clair qui va être passé auprès de l'entreprise. »

Créé par l'actuel député provincial de La Prairie, François Rebello, le Groupe investissement responsable (GIR) guide ses clients dans l'analyse des enjeux environnementaux, sociaux et de régie d'entreprise touchant les sociétés ouvertes. Il offre des services de vote, d'information et de consultation.

Pour le GIR, l'adoption d'une telle politique par Couche-Tard ne coûterait pas cher et protégerait son image et sa réputation qui ont été quelque peu écorchées depuis le début de la campagne de syndicalisation. «Le risque pour la réputation de la compagnie a augmenté beaucoup avec les controverses vécues dans l'année. Pour stabiliser les choses, ce serait intéressant pour les investisseurs que la société envoie un message clair et distinct dans une politique séparée », d'expliquer M. Gamache.

En 2011, la CSN a entrepris une campagne de syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard au Québec. La société s'est défendue en diffusant une vidéo à ses employés dans laquelle le patron Alain Bouchard mettait en garde ses employés contre les conséquences de la syndicalisation. Couche-Tard a aussi fermé un établissement dont les employés étaient en cours de syndicalisation. La CSN a porté plainte à la Commission des relations du travail.

Le régime de retraite de la CSN a déposé une deuxième proposition exigeant de l'entreprise de fournir davantage d'information sur sa performance extra-financière. Sa dernière proposition porte sur la place des femmes à son c.a. Actuellement, Mélanie Kau est la seule femme au conseil de la chaîne de dépanneurs.

On sait déjà que les propositions de la CSN seront facilement battues parce que des personnes liées à la société détiennent près de 60 % des droits de vote avec leurs actions à droit de vote multiple. Pour obtenir, 1 % des votes en sa faveur, la CSN doit recevoir l'appui d'investisseurs possédant environ 6,7 millions d'actions ordinaires.

Les clients du GIR détiennent au total plus de deux millions d'actions de Couche-Tard.

On trouve parmi les actionnaires ordinaires de Couche-Tard les gestionnaires de portefeuille québécois suivants : Caisse de dépôt, avec 1,7 million d'actions au 31 décembre 2010, Fiera Sceptre, Hexavest, Industrielle Alliance, Jariloswsky Fraser, Investissements Standard Life, Natcan. À part la Caisse, les autres gestionnaires possèdent moins de 400 000 actions ordinaires, selon nos informations.

Pour sa part, le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) a déposé des propositions concernant la présence des femmes au conseil, le poids démesuré conféré aux actions à droit de vote multiple et la rémunération de la haute direction.

L'assemblée des actionnaires de Couche-Tard se tient à 13 h aujourd'hui à Laval.