La rue Saint-Hubert devra bientôt subir d'importants travaux d'infrastructure et ses marchands veulent éviter un fiasco comme celui qui a paralysé le boulevard Saint-Laurent il y a quelques années.

Le regroupement qui représente les 400 entreprises de cette importante artère commerciale a fait reporter le lancement du chantier. Dans l'intervalle, il demande à ses membres et à ses clients de lui proposer des idées pour mieux réaménager le secteur.

La Ville de Montréal remplace un peu partout ses infrastructures vieillissantes et la Plaza Saint-Hubert, reconnaissable par la marquise qui coiffe son trottoir, n'échappera pas à la cure jeunesse. Ses égouts datent de 1909, et son réseau d'eau aura bientôt 50 ans.

Les autorités ont d'abord avisé les marchands que le chantier débuterait l'an dernier. Le projet a été reporté d'un an, puis retardé encore. La Ville mène présentement des études hydrauliques avant de décider de la marche à suivre. On ignore quand commenceront les travaux.

«On sait qu'à moyen terme, il y aura nécessité d'intervenir, résume le porte-parole de la Ville, Philippe Sabourin. Avec les informations qu'on a, ce ne sont pas des interventions d'urgence. Mais vu l'importance de la Plaza pour la dynamique commerciale du centre nord de la ville, on comprend aisément que des interventions devront être faites en concertation avec nos partenaires.»

La réfection sera douloureuse pour les marchands, mais c'est un mal nécessaire, reconnaît Mike Parente, qui dirige la Société de développement commercial (SDC) Plaza Saint-Hubert. Pour éviter que ses membres soient frappés de plein fouet par le chantier, il demande à la Ville d'annoncer ses intentions plusieurs mois à l'avance pour permettre aux commerçants de réduire leurs achats en prévision d'une baisse d'achalandage. Et depuis cette semaine, il sollicite les suggestions pour rendre l'artère plus attrayante.

«Ils vont devoir faire ces travaux, qu'on le veuille ou pas, résume M. Parente. Au moins, il faut essayer de mettre quelque chose en place pour que, une fois que les travaux sont faits, la clientèle revienne dans un endroit où elle est capable de voir la différence.»

La SDC cherche en outre des moyens pour rendre la rue et le trottoir plus conviviaux. Elle souhaite aussi faciliter le stationnement pour les automobilistes ainsi que pour les cyclistes.

Les marchands rencontrés hier le long de la Plaza n'étaien pas tous du même avis quant aux moyens de rafraîchir leur rue. Mais la plupart gardent bien en mémoire la réfection du boulevard Saint-Laurent, marquée par de nombreux délais et des dépassements de coûts. La Main a vu son taux d'inoccupation bondir dans la foulée des travaux, et bien des marchands craignent un scénario semblable rue Saint-Hubert.

Naïma Jalti, propriétaire de la boutique Ciel, mon café, estime que la marquise vitrée qui recouvre le trottoir entraîne d'importants problèmes de propreté. Des pigeons y font leur nid, et leurs fientes se retrouvent sur le trottoir, quand ce n'est pas sur les passants.

«Il y a déjà ce problème-là qui fait fuir les gens de la Plaza, indique la femme d'affaires. S'ils font des travaux en plus, je vous jure que ça va tuer tout le monde.»

La marquise démantelée?

La SDC jongle par ailleurs avec l'idée de démanteler la fameuse marquise vitrée qui recouvre les trottoirs. Son idée est toutefois loin d'être arrêtée. Le débat soulève des passions chez les marchands rencontrés hier. Certains reprochent à l'auvent géant de causer des de la malpropreté. D'autres font valoir qu'il permet de protéger les clients des intempéries.

Une étude menée l'an dernier a conclu que le statu quo est impensable puisque la marquise cache les façades des commerces. Mais la SDC ne prendra aucune décision avant de faire d'autres études, indique M. Parente.