L'ambition de Walmart en alimentation au Québec se mesure désormais en «dizaines de magasins». Ces commerces comprendront des étalages complets en aliments frais, surgelés et transformés.

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«Notre expansion en alimentation a du succès ailleurs. Nous attendons la même chose au Québec où nos magasins font déjà très bien en marchandises générales», selon Chantal Glenisson, vice-présidente chez Walmart pour le Québec et l'est du Canada.

M. Glenisson répondait ainsi aux questions de La Presse Affaires lors de l'inauguration hier, à Laval, du premier magasin de Walmart au Québec agrandi et réaménagé afin d'inclure un marché d'alimentation complet.

Deux autres de ces magasins, dits «supercentres» dans le vocabulaire interne de Walmart, sont inaugurés ces jours-ci à Laval et à Mascouche.

Trois autres suivront en banlieue ouest et nord de Montréal d'ici la fin de l'année. Ailleurs au Québec, «nos plans pour l'an prochain sont en préparation», se limite à dire M. Glenisson.

Chose certaine, la priorité de Walmart au Québec se concentre dans l'alimentation pour l'avenir prévisible, au lieu d'ajouter des magasins de marchandises générales aux 54 commerces qu'il compte déjà.

Aussi, Walmart mènera cette expansion en alimentation de manière très progressive, plutôt que d'agrandir plusieurs magasins à la fois.

«Le marché alimentaire au Québec et surtout ses particularités sont nouveaux chez Walmart. Si nous en faisons trop d'un coup, il serait plus difficile de s'ajuster par la suite», admet Mme Glenisson.

D'une part, dit-elle, «nous voulons nous assurer au fur et à mesure que nous avons la meilleure offre pour la clientèle».

Normes strictes

Ainsi, Walmart a des normes strictes de rapport qualité-prix qu'il n'entend pas diluer avec cette expansion dans le secteur des aliments frais.

C'est pourquoi Walmart a décidé d'étendre à l'alimentation sa politique de «parité des prix annoncés» par les détaillants concurrents qui a cours dans ses étalages de marchandises générales.

Selon cette politique, Walmart s'engage à égaler tout rabais pour un produit identique annoncé dans la circulaire d'un concurrent.

D'autre part, souligne Mme Glenisson, le souci de vendre notamment des aliments de provenance québécoise impose une «période de rodage avec de nouveaux fournisseurs».

Dans les fruits et légumes, par exemple, Walmart s'est fixé comme objectif d'obtenir au moins 30% de contenu québécois dans ces magasins au Québec, sur une base annuelle.

Cette volonté se manifeste par un étiquetage systématique au logo «Aliments du Québec».

Walmart a ainsi rajouté quelque 80 fournisseurs québécois à son réseau d'approvisionnement.

Centre de transit à Vaudreuil

Pour leur faciliter la tâche, Walmart s'est doté d'un centre de transit d'aliments frais à Vaudreuil. Ce centre géré par un sous-traitant complète le centre de distribution de marchandises situé à Cornwall en Ontario, qui dessert tout l'est du Canada.

Parmi les producteurs maraîchers du Québec, on dit apprécier ces efforts de Walmart même si, pour le moment, son volume d'achat demeure minime par rapport des plus importants détaillants en alimentation.

«Les premières relations d'affaires des maraîchers québécois avec Walmart sont positives jusqu'à maintenant. Et quoique leurs livraisons soient moins rentables parce qu'encore limitées, nos membres voient ça comme un investissement dans un nouveau client qui pourrait devenir très important», indique André Plante, directeur de l'Association des jardiniers maraîchers du Québec.

«Aussi, l'essor de Walmart en alimentation représente un autre débouché pour nos membres qui peut servir d'alternative en cas de problèmes avec les trois gros distributeurs dominants en alimentation.»

Ces «trois gros distributeurs» sont évidemment les chaînes de supermarchés IGA (Sobeys), Loblaw/Provigo/Maxi ainsi que Metro/Super C.

«On sent leur nervosité face à Walmart. Mais c'est bon si ça les incite à maintenir de bonnes relations d'affaires avec les fournisseurs québécois», selon André Plante.

Au nouveau Walmart de Laval, hier, la clientèle devant les nouveaux étalages d'aliments frais était plutôt importante malgré l'heure matinale.

Et plusieurs avaient en main les circulaires de supermarchés concurrents afin de vérifier les prix avant de déposer les articles dans leurs paniers.

En sortant du magasin, on constate que le voisin immédiat de ce premier Walmart alimentaire au Québec, un supermarché IGA Extra, est en pleine rénovation.

Coïncidence? Non, assure-t-on à la direction québécoise d'IGA/Sobeys. Il s'agit d'une «mise à niveau» planifiée depuis deux ans chez «l'un de nos premiers supermarchés IGA Extra ouverts au début des années 2000».

Cependant, cette «mise à niveau» comprend l'ajout d'une boutique d'aliments biologiques sous l'enseigne Rachelle-Béry, qui est une exclusivité d'IGA/Sobeys parmi ses 268 supermarchés au Québec.

C'est aussi un moyen de rehausser la valeur ajoutée d'un supermarché en alimentation par rapport à des concurrents à escompte comme Super C, Maxi et maintenant Walmart.