Vous cherchez une façon de devenir millionnaire? Ouvrez-vous une cantine. La croyance populaire veut en effet que les propriétaires de cantines roulent sur l'or, que l'on trouve le pactole tout simplement en vendant des frites, des poutines, des cheeseburgers et des Pogo. Vrai ou faux?

«Oui, on fait de l'argent, mais on est tout le temps ici. On est propriétaires de la cantine depuis neuf ans, et les cinq premières années, on était ici sept jours par semaine. On n'avait donc pas le temps de rien dépenser», explique Josée Homan, propriétaire, avec son conjoint Michel Penasse, de la Cantine Roger à Farnham.

Train de vie

Et attention de ne pas trop étaler vos biens, si le succès vous sourit. «Plusieurs clients me font des remarques du genre «on sait ben, monsieur roule dans un Suburban que j'ai aidé à financer». Je ris, évidemment, et je réplique par une autre blague. Mais il reste que c'est parfois délicat. J'ai aussi une très belle maison, mais c'est moi qui l'ai construite. Elle m'a donc coûté moins cher. Ça suscite quand même des réactions», dit Michel Penasse.

Bernard Dubé, le fondateur de la célèbrissime cantine Chez Ben on s'bourre la bédaine, à Granby, s'est longtemps promené en Mercedes. Ce qui faisait évidemment beaucoup jaser. «À 74 ans, six mois avant sa mort, mon père travaillait encore à la cantine presque tous les jours. Et ça, même s'il nous avait vendu le commerce à moi et mon frère presque 10 ans plus tôt», affirme Bernard Dubé Jr. Discourir sur l'argent, très peu pour lui. «Ça fait trop parler les gens et pas toujours dans le bon sens», soutient-il.

«La patate millionnaire, c'est un gros mythe qui vient probablement de l'époque où on pouvait cacher une partie de ses revenus au gouvernement. Le chiffre d'affaires moyen d'un restaurant au Québec est d'environ 500 000$. Je ne vois pas comment des casse-croûte qui sont en opération cinq mois par année pourraient générer des millions de dollars. Et puis, depuis quelques années, tout le monde a subi la hausse de prix des intrants», dit François Meunier, de l'Association des restaurateurs du Québec.

Hausse des coûts

Mario Bernard, de la cantine du même nom à Mont-Saint-Hilaire, partage cet avis. «C'était plus facile de faire de l'argent il y a 13 ans quand j'ai ouvert ma cantine. Mais là, le prix de mes achats ne cesse d'augmenter. Par exemple, depuis les 12 dernières années, le prix du fromage en grain a presque triplé (de 4,50$ à 11$ le kg), alors que pendant la même période, ma poutine est passée de 4$ à 6$», explique l'entrepreneur.

Il est donc possible de faire de l'argent en exploitant un casse-croûte. Mais votre commerce devra être bien situé et, surtout, devra demeurer ouvert à l'année. Vous devrez éviter par ailleurs de compter vos heures. De plus, si vous faites vous-mêmes la comptabilité, l'entretien ménager, ou les rénovations de votre commerce, vous atteindrez vos objectifs plus rapidement. Autrement dit, c'est à la sueur de votre front que vous ferez fortune.