Le froid et la pluie n'ont pas incité les consommateurs à fréquenter les magasins au début du printemps, même quand ils n'étaient pas inondés.

Malgré tout, la valeur des ventes des détaillants a augmenté de 0,3% de mars à avril tandis que leurs volumes avançaient de 0,2%, a indiqué hier Statistique Canada. La raison: un certain redressement du chiffre d'affaires des concessionnaires automobiles qui a progressé de 1,7%.

Sans elle, les ventes des détaillants seraient restées stables, c'est-à-dire en recul de 0,1% par rapport à celles de février.

On ne sera guère surpris que les ventes de matériaux de construction, de fournitures de jardinage ou d'articles de sports se soient toutes repliées. Après tout, avec les deux pieds dans l'eau, on n'a pas le coeur à agrandir une remise, planter des arbres ou dresser une tente.

On ne sera pas étonnés non plus de constater que les provinces les plus touchées par les intempéries, comme le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et le Québec, aient vu leurs magasins moins fréquentés.

Au Québec, les ventes ont baissé de 0,4%. Il s'agissait du troisième repli en quatre mois. «Les Québécois ont fait face à une hausse de la TVQ (de 7,5% 8,5%) en début d'année et ont connu un printemps difficile au chapitre de l'emploi», rappelle Marie-Claude Guillotte, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Le mauvais temps n'a guère incité non plus les Canadiens à la balade, comme en font foi les ventes des stations-service, en hausse de 0,5% seulement. «En avril, les prix à la pompe ont augmenté de 6,4%», rappelle Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

Ces prix ont cependant diminué de plus de 6% depuis le début de mai, ce qui est de nature à stimuler quelque peu la consommation à mesure que le beau temps s'installe.

Emanuellea Enenajor, économiste chez CIBC, précise que les stations-service ont accaparé quand même 12,7% des ventes des détaillants en avril. «Il s'agit de la proportion la plus élevée en deux ans et demi. La moyenne historique est plutôt de 10%.»

Si on se rapproche de cette moyenne, alors les autres détaillants pourront en profiter.

En outre, mai et juin ont été forts au chapitre de l'emploi.

Les données sur le commerce de détail étant connues, les économistes font le pari que l'économie aura au mieux fait du surplace en avril, mais qu'elle est déjà en train de regagner son allant.

À preuve, l'indicateur composite avancé a bondi de 1% en mai, après un gain substantiel en avril, indiquait hier Statistique Canada. L'indice composite montre la tendance de l'économie dans les deux ou trois prochains mois. Neuf de ses dix composantes étaient à la hausse, la plus forte avancée étant celle de la fabrication. Fait intéressant, les ventes des manufacturiers s'étaient repliées en avril. L'indice pointe vers un redressement prochain. «Tant que les employeurs restent confiants dans leurs perspectives, c'est une bonne indication que l'économie va bien aller», résume Philip Cross, analyste en chef de la conjoncture à l'agence fédérale.