Le plus gros détaillant en électronique sous contrôle québécois, Dumoulin, est désormais en mode survie face à ses créanciers et ses fournisseurs. Et dans un contexte de marché très concurrentiel face à des géants.

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Depuis hier, Dumoulin est sous protection judiciaire afin d'affronter une crise de liquidités qui découle de la perte de crédit par la Banque de Montréal et l'un de ses principaux fournisseurs, la filiale Cantrex du détaillant Sears Canada.

Dans l'immédiat, Dumoulin ferme 6 de ses 21 magasins qu'il possède au Québec et à Ottawa.

Ces fermetures provoquent le licenciement d'une cinquantaine des 356 employés du groupe dans les magasins et à son siège administratif de Laval.

En contrepartie, les activités commerciales continuent dans le réseau des 90 magasins franchisés sous les enseignes Dumoulin au Québec et Audiotronic au Canada anglais.

Selon la requête déposée en Cour supérieure, Dumoulin attribue ses maux financiers à deux facteurs principaux: les effets de la récente récession sur ses ventes ainsi que les déboires d'une filiale américaine de services télévisuels dans le marché hôtelier.

Depuis deux ans, le groupe Dumoulin a subi une rechute marquée de 7% de son chiffre d'affaires. Il est passé de 160 millions de dollars en 2009 à 139 millions l'an dernier.

Dans le marché hôtelier, la filiale Hotel Solutions USA n'aurait jamais produit de résultats probants depuis son établissement en 2006. Et tout récemment, elle a subi le désistement de son principal fournisseur, Samsung Electronics America.

Par conséquent, Dumoulin a décidé de larguer sa filiale américaine dès le début de sa restructuration. Ses activités dans le marché hôtelier au Canada sont aussi remises en question, indiquait-on hier au siège social du détaillant.

En parallèle, Dumoulin entend recentrer ses priorités d'affaires sur ses activités de vente au détail au Canada.

«Le commerce de détail a été et demeure la force de Dumoulin», a indiqué son président, Jacques Dumoulin, par voie de communiqué. Il est le fils du fondateur, Eugène Dumoulin, qui a ouvert le premier magasin rue Saint-Hubert, à Montréal, en 1946.

Selon François Lemieux, vice-président chez Dumoulin, à l'exception des 6 magasins déficitaires qui sont fermés, l'ensemble des 105 autres points de vente se porteraient «relativement bien» malgré le contexte de marché difficile.

N'empêche, le groupe Dumoulin devra maintenant convaincre ses créanciers et ses fournisseurs, à qui il doit au moins 36 millions selon sa requête en Cour supérieure.

Aussi, ses enseignes Dumoulin et Audiotronic devront garder la confiance des consommateurs dans un marché déjà très concurrentiel pour les prix et les innovations. Et face à de gros concurrents d'envergure continentale.