Tout ça pour ça? Les travailleurs syndiqués du Walmart de Saint-Hyacinthe ont déposé le 7 février dernier une requête pour sortir le syndicat du magasin, rapporte le Courrier de Saint-Hyacinthe dans son dernier numéro. Ceux-ci avaient obtenu leur reconnaissance syndicale en 2005 et avaient dû patienter quatre ans par la suite pour signer un premier contrat de travail.

Ce revirement de situation survient alors que des travailleurs de Couche-Tard qui songent à se regrouper à leur tour. Un premier dépanneur Couche-Tard a été syndiqué par la CSN le 9 février dernier, à l'angle des rues Jean-Talon Est et D'Iberville, à Montréal.

Le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), section locale 501, affilié à la FTQ, a rappliqué en déposant la même journée une nouvelle demande d'accréditation syndicale.

Un agent de relations de travail de la Commision des relations de travail (CRT) a été affecté au dossier. Il enquête au magasin de la rue Martineau aujourd'hui pour faire les vérifications. Il transmettra son rapport aux parties par la suite. Une audience est prévue devant la Commission à Montréal le 15 mars, a indiqué Julie Lagacé, porte-parole de la Commission.

La direction de Walmart se dit étrangère à la requête de désaffiliation, laquelle a été déposée par une «associée» du magasin. Le détaillant a néanmoins déposé lui-même une requête le 7 février demandant à la CRT de vérifier si le syndicat représente encore une majorité des travailleurs du magasin de Saint-Hyacinthe.

On ne connaît pas les raisons de la volte-face des travailleurs. «Après une première convention, c'est peu fréquent de voir une requête en révocation syndicale, dit Jean Sexton, professeur en relations du travail à la retraite. Ici, on parle quand même d'une convention qui avait été imposée aux travailleurs et à l'employeur. Est-ce que le contrat a fait leur affaire (aux syndiqués)?» se demande-t-il. D'après Mme Lagacé, la CRT reçoit jusqu'à 200 demandes de révocation syndicale par année.

La convention collective, qui a été imposée par un arbitre en avril 2009, arrive à échéance en avril 2011. La convention maintenait la même échelle salariale et les mêmes avantages sociaux qu'auparavant.

La demande de révocation du syndicat est appuyée par la signature de 147 des 205 employés syndiqués, confirme Alex Roberton, porte-parole de Walmart. Personne n'était disponible chez les TUAC pour expliquer les plus récents événements.

La question est de savoir pourquoi les employés veulent mettre le syndicat dehors. Michel Grant, professeur associé en relations du travail à l'UQAM, s'attend à ce que les TUAC contestent la requête en alléguant que l'employeur a fait des pressions sur les travailleurs. «Si j'étais un commissaire de la CRT, j'essayerais de savoir si c'est ça qui est arrivé», dit-il dans un entretien.

Une affirmation qui nie vigoureusement le porte-parole de Walmart au Québec. «Nous travaillons très fort pour assurer un bon environnement de travail dans tous nos magasins», a dit Alex Roberton.

On a reproché dans le passé à Walmart son comportement antisyndical. Le géant du détail a fermé le premier magasin syndiqué à Jonquière en avril 2005. Il a aussi mis la clé sous la porte de l'atelier mécanique d'un Walmart à Gatineau en 2008. Ce magasin a signé sa première convention collective en octobre 2010.