Consommateurs encore frileux de l'après-récession, concurrence accrue des détaillants à escompte: le détaillant alimentaire Metro (T.MRU.A) en a plein les bras ces temps-ci au Québec et en Ontario afin de maintenir des bons résultats.

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Par conséquent, même l'annonce d'une hausse de dividende à son assemblée d'actionnaires, hier à Montréal, n'a pu neutraliser la déception face à ses plus récents résultats trimestriels.

En Bourse, l'action de Metro a cédé jusqu'à 1,7% en mi-séance, après l'annonce d'une baisse de bénéfice et de revenus. Elle a clôturé en baisse de 0,5%, à 43,62$, alors que l'indice sectoriel des détaillants à la Bourse de Toronto était pratiquement inchangé.

Au cours de son premier trimestre de 2011, terminé le 18 décembre, Metro a subi un recul de son chiffre d'affaires de 0,5%, à 2,63 milliards de dollars.

Le bénéfice net est en baisse marquée de 6,2%, à 92 millions.

«Ces résultats de Metro confirment que la concurrence accrue des prix et l'impact des détaillants à escompte posent un risque pour ses marges bénéficiaires», a constaté l'analyste James Durran, spécialiste des détaillants à la Financière Banque Nationale, dans une note envoyée à ses clients-investisseurs.

Selon Éric La Flèche, président et chef de la direction de Metro, la baisse des ventes totales est surtout attribuable à la «déflation» de la valeur du panier moyen d'achats des clients.

Cette déflation allait au rythme de 1% par année au trimestre terminé le 19 décembre, selon les relevés internes de Metro. Or, il s'agit d'un taux à l'opposé de l'inflation alimentaire d'environ 1% observée récemment par Statistique Canada.

Pourquoi cette différence?

La composition du panier d'achats moyen demeure très affectée par la conjoncture économique d'après-récession, ont expliqué les dirigeants de Metro au cours d'un point de presse.

En d'autres termes, les articles à prix soldés occupent une part encore importante du panier d'achats. Et, dans cette bagarre des prix, les grands détaillants à escompte ont une influence de plus en plus forte.

Chez Metro, selon ses dirigeants, les supermarchés à escompte Super C vont «très bien» face aux concurrents. Et ils seraient bien outillés pour contrer les ambitions de détaillants comme Walmart en alimentation, dont les nouveaux «supermagasins» sont attendus au Québec en cours d'année.

Mais dans les supermarchés dits réguliers, le défi d'attirer et de fidéliser les consommateurs est très difficile à relever.

Fidélisation

Chez Metro, on mise notamment sur l'essor plus rapide que prévu du récent système de fidélisation des clients, nommé Metro&Moi.

En quelques mois d'existence, ce système approche déjà du million de membres, parmi lesquels Metro veut multiplier les efforts de marketing personnalisé au cours des prochains mois.

Par ailleurs, pour se démarquer face à la concurrence, Metro veut améliorer des éléments dans ses supermarchés, en particulier du côté des aliments frais.

«Nous avons constitué une équipe spéciale pour rehausser notre positionnement dans les fruits et légumes, où nous avons identifié un problème de perception parmi les consommateurs», a indiqué Éric La Flèche.

C'est aussi dans cet important créneau des aliments frais d'importation que la déflation des prix est la plus sentie, conséquence du gain de valeur du dollar canadien.

En contrepartie, les dirigeants de Metro appréhendent une remontée des prix des aliments transformés qui découlerait de la flambée des cours de matières premières comme le maïs et le blé.

«Ça coûte plus cher aux transformateurs qui augmenteront les prix qu'ils nous demandent, et que nous tenterons ensuite de transférer aux clients pour autant que le marché le permettra», a expliqué M. La Flèche.

Est-ce que ce contexte suffira à rehausser les ventes totales de Metro? «Nous souhaitons un peu d'inflation, mais pas trop, de l'ordre de 2% environ. C'est tolérable pour les consommateurs tout en facilitant le maintien de résultats satisfaisants pour les distributeurs.»

METRO À SON PREMIER TRIMESTRE 2011 (1)

> Chiffre d'affaires: 2,63 milliards (-0,5%)

> Bénéfice d'exploitation (2): 181 millions (-0,6%)

> Bénéfice net: 92 millions (-6,2%)

> Bénéfice net par action dilué: 88 cents (-3,3%)

> Dividende trimestriel: 19,25 cents l'action ("13%)

1: Trimestre terminé le 18 décembre 2010

2: Bénéfice avant les frais financiers, les impôts et les frais d'amortissement

Source: Metro