L'argent brûlait entre les doigts des consommateurs canadiens en novembre. Ils se sont précipités dans les magasins. Résultats : les ventes ont grimpé en valeur et en volume de 1,3 %.

Il s'agissait de la sixième hausse d'affilée et la plus robuste depuis mars, précisait Statistique Canada. En volume, du meilleur gain depuis 2008 qui permet l'atteinte d'un nouveau sommet.

La volonté de dépenser était généralisée, malgré le niveau d'endettement des ménages. Les détaillants de neuf provinces ont vu leur chiffre d'affaires augmenter, ceux du Québec de 1,3 %.

Si on exclut les ventes de véhicules et de pièces, la progression reste robuste à 1,0 %. Si on exclut les ventes des stations-services qui ont profité d'une forte appréciation des prix et qui représentent 11,5 % de la valeur des ventes au détail, le gain est encore de 1,3 %.

En fait, seuls les marchands de matériaux de construction et de meubles ont subi un recul de leurs ventes attribuable sans aucun doute au ralentissement du marché de l'habitation au cours des mois précédents.

L'agence fédérale a en outre révisé à la hausse les chiffres d'octobre qui font désormais état d'un gain de 1,0 % plutôt que de 0,8 % et de 0,9 %, si on exclut le segment automobile.

Plusieurs raisons peuvent expliquer l'attrait des magasins en novembre, outre l'initiative de certains marchands de calquer leurs congénères américains et d'offrir des rabais pour le Black Friday (qui correspond au congé de la Thanksgiving) plutôt que d'attendre au Boxing Day.

Il y a la création d'emplois soutenue, la confiance des consommateurs et, surtout, note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins, la variation annuelle de 4,4 % de la rémunération hebdomadaire moyenne des travailleurs.

Les marchands sont gagnants sur tous les tableaux. «L'indice des prix de détail a également bondi de 5,2 % durant le trimestre, sa plus forte hausse depuis au moins 2004 qui n'est attribuable qu'en partie à la montée des prix de l'essence, note Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Les détaillants canadiens conservent un pouvoir considérable sur les prix.»

La volonté de dépenser se mesure aussi chez les concessionnaires automobiles qui ont surtout vendu des fourgonnettes et des camions légers au cours du mois.

«Les consommateurs demeurent confiants, note Marie-Claude Guillotte, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Le crédit est encore facilement accessible à faible coût.»

La forte hausse des ventes des détaillants représente une deuxième heureuse surprise en autant de jours. Jeudi, on avait appris que celles des grossistes avaient aussi connu une solide progression de 1,2 %.

Ce duo embellit la projection de croissance du produit intérieur brut (PIB) en novembre, se réjouit Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. Plus tôt dans la semaine, la glissade des ventes des fabricants laissait présager une croissance nulle en novembre, mais ces deux derniers indicateurs suggèrent une croissance qui pourrait atteindre 0,2 %. On en aura le coeur net le 31 janvier.

Pour l'ensemble du trimestre, il estime que la progression annualisée des ventes des détaillants exprimée en volume atteint déjà 5,5 %, sans tenir compte de décembre.

Les dépenses de consommation (qui inclut aussi les services) auront sans doute encore solidement contribué à l'expansion canadienne durant l'automne.

Il faut cependant s'attendre à ce qu'elles ralentissent, compte tenu du niveau d'endettement et des attentes de hausses des taux d'intérêt, à partir de l'été.