Le détaillant de vêtements pour femmes Jacob s'estime capable de survivre comme entreprise indépendante malgré le redressement en cours afin de rassurer ses créanciers et éviter la faillite.

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Mais pour ses propriétaires-fondateurs, la famille Basmaji de Montréal, cette volonté de continuité après 34 ans en affaires pourrait aussi passer par l'ajout de partenaires minoritaires et l'apport de nouveaux capitaux externes.

«Une prise de participation fait partie des négociations que nous avons avec des interlocuteurs financiers afin de remplacer la Banque Nationale, avec laquelle nous avons convenu de terminer notre relation d'affaires», indique Cristelle Basmaji, directrice au marketing chez Jacob. Elle est la fille du président-fondateur, Joey Basmaji, et la nièce de deux autres dirigeantes de Jacob.

Jusqu'à sa mise sous protection de ses créanciers, il y a deux mois, ce détaillant vestimentaire comptait 189 points de vente à la grandeur du Canada. Il employait 1845 personnes et engrangeait des revenus d'un peu plus de 100 millions par an.

Mais Jacob avait aussi accumulé des pertes considérables de 45 millions depuis deux ans, dont 16 millions durant la seule période de huit mois jusqu'en octobre dernier, ce qui aurait motivé la Banque Nationale à lui serrer la vis du crédit.

Deux mois plus tard, le plan de redressement soumis par Jacob à ses créanciers se fait déjà sentir. D'autant plus que le détaillant leur dit vouloir renouer avec la rentabilité d'ici l'an prochain, avec des ventes de l'ordre de 120 millions.

Dans l'immédiat, Jacob ferme une quinzaine de magasins. Un nombre équivalent de fermetures additionnelles pourraient être nécessaires au cours des prochaines semaines.

Au siège social et centre de distribution du détaillant, dans le secteur commercial Côte-de-Liesse à Montréal, le tiers des 250 emplois est en voie d'élimination.

Une cinquantaine d'employés ont été licenciés en décembre et une vingtaine d'autres subiront le même sort d'ici la fin janvier, selon le plus récent rapport déposé en Cour par le contrôleur de la restructuration.

Cette réduction d'effectif au siège social fait suite à l'élimination d'une centaine d'emplois effectuée entre 2008 et 2010.

Durant cette période, le détaillant a aussi fermé une cinquantaine de points de vente. L'effectif en magasins avait aussi été réduit de plus du tiers jusqu'à 1590 en novembre, lors de sa mise en protection des créanciers.

Quant à l'identité d'éventuels partenaires financiers, les dirigeants de Jacob préfèrent la discrétion pendant les négociations. D'autant que l'échéance du 31 janvier pour la prolongation de la protection judiciaire approche rapidement.

Parmi les analystes en commerce de détail, on continue de s'attendre à un rapprochement entre Jacob et son grand rival, le groupe Reitmans, aussi dirigé de Montréal.

«Ça fait un certain temps que Reitmans surveille d'autres détaillants comme projets d'acquisition. Avec Jacob, sa restructuration financière pourrait servir d'élément déclencheur», estime Neil Lindell, analyste en commerce de détail chez Partenaires Versant, à Montréal.

«Les principales bannières de Jacob seraient un bon complément aux bannières de vêtements déjà regroupées chez Reitmans, dont Thyme, Pennington, et Smart Set. Par ailleurs, Reitmans a des moyens et une réputation d'affaires qui seraient avantageuses pour Jacob, qui risque d'avoir des relations difficiles avec des bons fournisseurs après leur avoir fait subir des pertes.»

Dans son plus récent rapport, le contrôleur de la restructuration de Jacob confirme que le détaillant doit renégocier des contrats d'approvisionnement auprès de fournisseurs surtout d'origine asiatique.

Aussi, Jacob tente de renégocier les termes de ses nombreux baux de location de magasins. Ses interlocuteurs à ce sujet sont les principaux propriétaires de centres commerciaux au Canada.