Après maintes rumeurs, Target (TGT), deuxième entreprise de magasins de grande surface à prix réduits aux États-Unis, s'amène au Canada avec plus d'une centaine d'établissements d'ici trois ans.

Et ils seront ouverts surtout dans des magasins Zellers qui auront été fermés entre-temps par sa société mère, le groupe HBC de Toronto, qui exploite aussi les magasins La Baie.

Ce dénouement majeur dans le commerce de détail sera la conséquence de la transaction de 1,82 milliard de dollars annoncée hier entre Target et HBC.

Elle concerne le rachat par Target des baux de quelque 220 des 279 magasins de Zellers situés partout au Canada, dont 39 au Québec.

Target s'empare ainsi d'un lot sans précédent d'emplacements commerciaux parmi lesquels il pourra choisir les meilleurs pour ouvrir de 100 à 150 magasins d'ici trois ans.

Après le rachat des baux, Target prévoit investir au moins 1 milliard pour ouvrir ces dizaines de premiers magasins hors des États-Unis, où il se démarque comme principal concurrent de Walmart.

Cette concurrence pourrait maintenant se transposer au Canada, où Walmart est devenu le plus gros détaillant de magasins de grande surface en un peu plus d'une décennie.

En contrepartie, l'implantation de Target d'ici trois ans annonce une atrophie considérable de Zellers, après des années de résultats très mitigés.

Pour le moment, une soixantaine de magasins pourrait encore échapper à la fermeture après le transfert massif de baux de HBC chez Target. Mais ce sursis est très incertain.

Chez HBC, hier, on indiquait tout au plus que Zellers pourrait continuer avec quelques magasins. Mais aussi, HBC sollicitera d'autres repreneurs pour les baux de Zellers exclus de la transaction avec Target.

Entre-temps, des centaines d'employés des magasins Zellers perdront leurs emplois au fur et à mesure des fermetures pour faire place à Target.

Car, s'ils veulent travailler chez le nouveau venu, ils devront envoyer leur CV comme pour un nouvel employeur.

«Notre transaction avec HBC ne concerne que les baux des Zellers. Nous ne reprenons aucune autre activité de ce détaillant», a insisté le président de Target, Gregg Steinhafel, en entrevue avec La Presse Affaires, hier.

Néanmoins, il a indiqué que Target ferait preuve d'une «ouverture d'esprit particulière» envers les demandes d'emploi provenant d'employés licenciés par Zellers.

Mais, avant d'investir et d'embaucher dans de nouveaux magasins au Canada, Target devra d'abord choisir les emplacements prioritaires parmi le lot important acheté de HBC.

Hier, on déclinait toute information détaillée à ce sujet, plaidant que «l'examen particulier des emplacements de Zellers» doit être fait avant de déterminer les priorités de conversion.

Selon son président, Target entend s'inspirer des formats de magasins aux États-Unis - de surface moyenne de centre-ville aux magasins multi-étagés - pour s'implanter au Canada.

Une exemption, toutefois: le détaillant ne prévoit pas amener ses plus grands établissements - les «Super-Target» selon M. Steinhafel - qui combinent un magasin de grande surface et un quasi-supermarché.

Cela dit, à l'instar de Walmart, Target s'implantera au Canada avec des magasins qui comprendront des produits alimentaires.

«Nous concurrençons Walmart et d'autres gros détaillants avec succès aux États-Unis depuis des années. Nous entendons faire de même au Canada avec tous les détaillants qui sont dans les mêmes catégories de produits que nous, même en alimentation», a indiqué Gregg Steinhafel.

L'ajout de produits alimentaires est d'ailleurs l'une des stratégies de relance tentées par Zellers depuis quelques années. Mais sans résultats satisfaisants du point de vue de HBC et son propriétaire américain, Richard Baker.

Ce dernier avait payé un peu plus de 1 milliard pour prendre le contrôle de HBC en 2008, alors que le détaillant, dirigé de Toronto, peinait depuis des années à se trouver un nouveau souffle.

De l'avis d'analystes, cette remise en forme commence à porter fruits dans les magasins La Baie, de gamme intermédiaire, mais elle tarde encore dans les Zellers, considérés à escompte.

TARGET EN UN COUP D'OEIL

> Deuxième détaillant à escompte aux États-Unis

> 1752 magasins dans 49 États

> Siège social: Minneapolis

> Revenus (1 an): 66,9 milliards US (+3,3%)

> Bénéfice d'exploitation (1 an): 5 milliards US (+21%)

> Bénéfice net (1 an): 2,82 milliards US (+30%)

> Capitalisation boursière: 39,5 milliards US

> Clôture hier: 55,42 US par action (+12,32% en un an)

> Dette totale: 30 milliards US

> Capitaux propres: 14,8 milliards US

Source: Bloomberg