Les Fêtes ont été plus lucratives que prévu pour les détaillants canadiens, mais les marchands ont intérêt à ne pas se reposer sur leurs lauriers, prévient Ernst&Young. Le cabinet-conseil estime que l'essor du commerce en ligne et la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs pourraient leur donner de sérieux maux de tête en 2011.

Selon les données compilées par Ernst & Young, la récession semble bel et bien terminée dans le secteur du détail. Les ventes ont crû de 3 ou 4% pendant les Fêtes par rapport à 2009, surpassant les prévisions de 2%.

«En 2008 et en 2009, la saison des Fêtes a été très difficile, souligne Daniel Baer, analyste du secteur du commerce de détail pour Ernst&Young. Les consommateurs avaient réduit de beaucoup leurs achats pendant cette période, alors la demande a été plus haute en 2010.»

Moins d'argent en 2011

Les réjouissances du Nouvel An terminées, les consommateurs risquent d'avoir moins d'argent à dépenser en 2011, précise-t-il. Ils devront payer davantage pour leur voiture et leurs versements hypothécaires en raison de la hausse du prix de l'essence et de l'augmentation prévisible des taux d'intérêt.

Au Québec, la hausse de la TVQ, qui est passée de 7,5% à 8,5% (elle passera à 9,5% en 2012) aura également un effet sur le portefeuille des consommateurs, affirme Daniel Baer.

«Le message pour les détaillants, dit-il, c'est qu'ils doivent rester à la fine pointe de la technologie, à la fine pointe de tout ce qui se passe dans leur environnement.»

La concurrence risque en effet de devenir plus féroce. Plusieurs bannières étrangères, notamment américaines, lorgnent le marché canadien. Target, deuxième détaillant à prix réduits aux États-Unis derrière Walmart, aurait mis sur pied une équipe pour se dénicher un magasin dans la région torontoise. Victoria's Secret, célèbre chaîne de lingerie, a aussi ouvert des magasins au Canada l'an dernier.

Vente en ligne

À ces concurrents s'ajoutent les sites web tels que Amazon et iTunes, qui vont accentuer la pression sur les commerces traditionnels, estime Daniel Baer.

Selon lui, les marchands devront redoubler d'efforts pour se rendre visibles sur l'internet, notamment en utilisant les médias sociaux.

«De plus en plus, le consommateur veut acheter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dit-il. Il veut regarder toute la gamme de produits qui s'offre à lui, à Montréal, au Canada au dans le monde entier. Le consommateur n'a pas beaucoup de temps et, en ligne, il peut comparer les prix très facilement.»

Si le dollar canadien reste à parité avec le billet vert américain, les consommateurs devraient magasiner en ligne encore davantage.

Surtout si les détaillants tardent à baisser leurs prix pour refléter la valeur de la devise.

Stratégie payante

Puisqu'elle vend surtout des livres français, la librairie Renaud-Bray est quelque peu à l'abri de la concurrence de grandes chaînes américaines.

La chaîne a néanmoins investi 1,5 million de dollars pour mettre sur pied un centre de distribution pour son site web.

La stratégie a payé: l'entreprise a reçu 160 000 commandes en ligne l'an dernier.

Pendant les Fêtes, ses commandes internet ont doublé par rapport à la même période en 2009.

Le directeur des ventes de Renaud-Bray, Blaise Renaud, estime que les ventes par l'internet devraient complémenter celles en magasin, et non s'y substituer.

«L'internet va permettre d'accroître la notoriété d'une entreprise comme Renaud-Bray, on le remarque déjà, indique M. Renaud. Le bouche à oreille est important et ça nous permet aussi d'aller rejoindre des régions où il n'y a peut-être pas un bassin de population assez important pour rentabiliser une librairie.»