Confronté à une clientèle vieillissante et à une hausse des locaux vacants, un centre commercial de Côte-Saint-Luc a entamé une importante cure minceur pour se relancer. Le Mail Cavendish a rasé 40% de sa superficie l'automne dernier pour faire place à un projet résidentiel.

Rue Kildare, près du boulevard Cavendish, un panneau brun annonce l'entrée du centre commercial. Mais le bâtiment se trouve beaucoup plus loin, de l'autre côté d'un vaste terrain vague, où des pelles mécaniques ramassent des décombres.

Le printemps prochain, Les Développements Dubelle lanceront un projet de 75 millions de dollars pour ériger des maisons de ville, des jumelées et un immeuble en copropriété. Le promoteur vendra aussi une quarantaine de lots où seront construites des résidences unifamiliales.

Des résidences pour personnes âgées vont également être érigées à côté du centre commercial.

Le Mail Cavendish a déjà couvert une superficie de 400 000 pieds carrés, et hébergé 80 commerces. Depuis quelques semaines, il s'étend sur 250 000 pieds carrés et compte environ 45 boutiques.

«Nous ne voulions pas conserver le centre d'achats dans sa forme antérieure, parce que, sans un magasin d'envergure, il était trop gros pour son marché», explique Roy Salomon, porte-parole du Cavendish Shopping Centre Co., entreprise qui possède le centre commercial.

Le Mail Cavendish a ouvert ses portes en 1973 et s'est rapidement imposé comme destination de choix pour les résidants de Côte-Saint-Luc et de l'ouest de Montréal. Le centre commercial, qui est détenu par une douzaine d'actionnaires, a connu ses meilleurs moments dans les années 80. Même en pleine récession, au début des années 90, ses propriétaires l'ont rénové de fond en comble.

Mais la fortune du centre commercial a lentement décliné. À une époque pas si lointaine, le ménage moyen de Côte-Saint-Luc était constitué de quatre personnes, relate Roy Salomon. Avec le vieillissement de la population, ce ratio est passé à deux personnes et demie par domicile. Autrement dit, presque la moitié de la clientèle immédiate du centre commercial a quitté le quartier.

Le magasin phare du Mail Cavendish, Eaton's, a fermé ses portes en 1998. Ce départ a incité plusieurs locataires à quitter le centre à leur tour, raconte M. Salomon.

L'administration misait sur l'extension du boulevard Cavendish vers le nord afin de désenclaver le quartier et de rendre le Mail plus accessible à une clientèle extérieure. Mais ce projet ne s'est jamais concrétisé. Lorsque Côte-Saint-Luc a défusionné de Montréal, en 2006, elle s'est résignée à un plan plus radical.

Le Mail Cavendish a décidé de démolir 40% de sa surface, et de vendre une part importante de son terrain afin d'en faire un projet résidentiel. Le président des Développements Dubelle, Joe Levine, estime qu'environ 200 familles viendront s'établir dans le secteur.

La stratégie permet au centre commercial de se délester de locaux qu'il avait du mal à louer, et elle attirera de nouvelles familles dans le quartier. Cette idée sourit à Ruth Ohayon, copropriétaire de Delevanti. Cette boutique spécialisée dans les vêtements importés est établie dans le Mail Cavendish depuis 30 ans.

«Ça va être positif pour la simple raison que des jeunes vont venir habiter dans ces habitations», convient Mme Ohayon, rencontrée alors qu'elle conseillait une cliente et sa fille.

Mme Ohayon, qui exploite aussi une boutique pour enfants, fait partie des commerçants qui ont accepté de déménager de la portion sud du Mail Cavendish avant sa démolition. Mais d'autres ont préféré quitter le centre.

Malgré tout, Roy Salomon garde le cap. Son administration bâtit de nouveaux locaux de bureaux et elle projette de construire une aire de jeu pour les enfants. À terme, dit l'homme d'affaires, c'est en ramenant les jeunes que le Mail Cavendish assurera sa prospérité.

«Des projets similaires aux États-Unis et ailleurs au Canada ont bien réussi, explique-t-il. Ils sont allés de l'avant avec des projets immobiliers et la part du centre d'achats a continué de connaître du succès.»